Les Chroniques de la Nouvelle Calebaïs
De l'Exploration des Profondeurs de Calebaïs
Les
Magi étaient désormais bien installés, leurs Sanctum
emménagés et leurs relations avec Doïsseteppe pacifiées. Ils
décidèrent donc de clore l'exploration des niveaux inondés,
souhaitant s'assurer ainsi que nul danger ne les guettait depuis les
profondeurs. Nul n'avait oublié que l'Archimagus Krenval fut
jadis corrompu. La force tentatrice et maléfique pouvait toujours
régner sur les deux niveaux engloutis.
Utilisant leur magie, les
Magi vidèrent peu à peu le dixième niveau, rassemblant
l'eau ainsi éliminée dans une mare non loin du puits de Calebaïs.
Quelques Furetons accompagnèrent la Troupe dans son expédition dans
les niveaux noyés, dont les porteurs du bouclier et de l'épée de
David. Des Sodalis, menés par Wülfgar le muet et le fils de
Nasseri, assuraient la couverture physique des Magi.
Une bonne surprise
attendait les membres de la Troupe avant même leur descente vers
l'inconnu. Orion découvrit que l'eau évacuée par leur effort
commun était chargé de Virtus Aquam. De nombreuses
richesses devaient attendre les Magi astucieux et suffisamment
courageux pour les saisir. Leur première découverte fut le
Laboratoire d'Ornath, clairement consacré à l'Art Aquam. Des restes
de meubles pourris, de la vase au sol, rien n'avait été conservé
ou plutôt, tout avait été emporté. Seule une fontaine dont l'eau
disparaît avant d'atteindre le sol et une petite source occupaient
toujours le Sanctum abandonné.
Le second Laboratoire
débute par une massive colonne d'améthyste violette. A quelques
pas, un linteau de pierre qui domina pendant des décennies une porte
de bois, aujourd'hui disparue. Les Magi aperçurent un vaste
espace rectangulaire donnant sur trois petites pièces, aux étagères
regorgeant d'ouvrages. Entendant parler de manuscrits en nombre,
Estrella de Bonisagus, habituellement si prudente au point de
s'attirer les moqueries de ma maîtresse, se rua à l'intérieur du
Sanctum sans prendre de précaution. Avant qu'elle ne puisse
se saisir d'un des précieux tomes tant convoité, un mirage sembla
jaillir de la pièce la plus au Sud, et intercepta la Maga.
Elle tomba au sol, inconsciente avant de se relever presque
immédiatement, les yeux vitreux. D'une voix désincarnée, elle
ordonna aux Magi interdits de quitter ces lieux.
Courageux mais non
téméraires, les membres de la Troupe effectuèrent un salutaire
repli stratégique à l'entrée du Laboratoire, entre la porte et la
colonne d’améthyste, hors de portée théorique de ce qui semblait
être une protection magique résiduelle. Altaïr, toujours aussi
habile, en profita pour se glisser dans le dos de la possédée, et
l'assomma d'un coup puissant à la nuque. Hélas, la créature
spectrale, à la forme indistincte, réapparut aussitôt. Gilles de
Jerbiton utilisa ses pouvoirs pour la frapper, détournant son
attention de Mélisandre de Mérinita et d'Altaïr qui pénétrèrent
dans la pièce originelle de l'agressive apparition. Y découvrant un
sarcophage, ils se démenèrent pour accéder à l'intérieur du
catafalque et à ce qui semblait bien être un squelette humain.
Pendant ce temps Nathanaël de Tytalus, fidèle à
ses talents de diplomate, tentait d'entamer une conversation avec ce
qui ressemblait de plus en plus à un fantôme. Lorsqu'il eut la
mauvaise idée, comme à son habitude, de prononcer le nom
d'Ulaxarian, ce qu'il ne convenait plus d'appeler un mirage poussa un
cri aiguë et perçant, avant de fondre sur la Magus qui ne
dut son salut qu'à sa puissante magie.
Avant que le spectre
éthéré ne puisse lancer de nouvel assaut ou changer de victime,
Mélisandre de Mérinita le menaça, saisissant le crâne au milieu
des ossements, altérant sa main de chair en cristal d'une pureté
absolue, prête à pulvériser le fragile réceptacle. Le fantôme
semble céder aux exigences de la Maga, et ses épaules
immatérielles s'affaissent tandis qu'il annonçait être le familier de
l'Archimagus Eono. La Troupe après une bref conciliabule
proposa de libérer la pauvre âme depuis trop longtemps prisonnière,
d'abord d'un thaumaturge, puis de sa disparition. Bien que le
familier désespéré ne doutasse de leur capacité à le délier de ces
lieux, Nathanaël de Tytalus, utilisant du Virtus Virtum,
parvint finalement à affranchir l'esprit de ses dernières entraves
terrestres.
Une exploration rapide du reste du Sanctum
permit de découvrir une petite réserve et l'ancienne chambre
d'Eono. Un hurlement de rage et de douleur absolues frappa alors les
Magi qui se précipitèrent dans la pièce principale pour découvrir
Estrella de Bonisagus agenouillée devant les restes pourris et
désagrégés d'un des précieux ouvrages de l'Archimagus.
Ayant éliminée tout danger, du moins visible, la Troupe décida de
poursuivre son exploration du dixième niveau. A peine sortis du
Laboratoire, l'ensemble des Magi se retrouva sans aucun
souvenir des derniers événements, leur Parma Magica baissée.
Ils décidèrent alors de visiter le Laboratoire et ce n'est qu'après
plusieurs visites infructueuses qu'ils se rendirent compte que si
l'un d'entre seulement ressortait il ne perdait pas la mémoire.
Notant leurs observations sur du parchemin, ils permirent ainsi à
tous de garder en mémoire une trace de leurs découvertes. Ce n'est
que bien plus tard, utilisant des sorts pour observer le passé,
qu'ils redécouvrirent leur rencontre avec le familier d'Eono et leur
décision pleine de miséricorde.
Dans un couloir à angle
droit, suffisamment rare pour être noté dans Calebaïs aux courbes
nombreuses, Orion de Verditius fut frappé par plusieurs carreaux qui
jaillirent des murs avant qu'il ne puisse réagir. Wülfgar passa
son bouclier prudemment dans la coursive piégée, déclenchant une
nouvelle fois un tir, cette fois sans gravité. Tandis que les
servants et les Magi s'occupaient d'Orion gravement blessé,
Estrella de Bonisagus fit pousser du lierre à travers le couloir,
s'introduisant dans les orifices cracheurs de mort, avant de
transformer l'habile végétal en métal et ainsi s'assurer de la
sécurité de tous.
Le Laboratoire qui suivait était une enfilade de quatre pièces. La première, une chambre, richement décorée et ornementée. Un lit magique en occupait une
bonne partie ; y reposait le corps de l'Archimagus
Dargaud, parfaitement conservé. Un sort simple de Muto Terram
permet d'ouvrir le mur qui séparait cette pièce de la suivante, une
nouvelle chambre mais bien moins ouvragée, sans nul doute celle de
l'apprenti du Magus. La troisième pièce disposait de deux
entrées mais les membres de la Troupe n'eurent pas le temps d'en
voir bien plus car ils furent pris à parti par une statue de bois
représentant un archer qui commença à décocher des flèches dans
leur direction. A l'aide de leur magie ils déplacèrent l'étrange
construction dans une pièce vide, retenue par des entraves et
puissamment bloquée contre un mur. Ils découvrirent par la suite un
atelier d'artisan d'une richesse peu commune, et de nombreux
documents malheureusement détrempés eux-aussi, ainsi que de
nombreux objets magiques. Orion de Verditius en oublia même la
douleur pour explorer avec minutie la pièce.
Pendant ce temps
Mélisandre de Merinita, sans doute inspirée par une vision, se
rendit compte que la dernière pièce, le Laboratoire proprement dit,
était également piégé. Toute créature vivante qui pénétrait à
l'intérieur disparaissait sans laisser de trace. Après plusieurs
expérimentations empiriques à base de souris et de chats que ma
fantasque maîtresse faisait apparaître, les Magi comprirent
que le plafond de la pièce était enchanté, et que dissimulé, il
ne représentait plus un danger. Sur un des murs du Laboratoire
quelques mots de latin dominait les restes d'un bâton de Mage de
corail rouge serti de diamants, d'ambre et de saphirs, couronné
d'une dent de dragon, brisé en deux, sa magie disparue : « l'élève
a dépassé le maître ». Une dernière petite pièce faisant office
de réserve fut explorée et toutes les possessions de l'Archimagus
référencées, décrites et stockées en attendant d'être étudiées
par la Troupe plus que satisfaite de ses trouvailles et de sa
réussite. Grâce au niveau rituel d'Estrella de Bonisagus et un peu
de chance, ils purent de plus récupérer et reproduire à
l'identique la majorité des documents détruits par l'immersion dans
les niveaux inondés au cours des des dernières décennies. La Maga y passa de longs mois mais finalement son cri de victoire résonna
longtemps dans l'Alliance souterraine.
La suite...
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