lundi 14 novembre 2011

Les Contes de Dame Mélie: dizième chapitre

Les Chroniques de la Nouvelle Calebaïs
De l'Exploration des Profondeurs de Calebaïs


Les Magi étaient désormais bien installés, leurs Sanctum emménagés et leurs relations avec Doïsseteppe pacifiées. Ils décidèrent donc de clore l'exploration des niveaux inondés, souhaitant s'assurer ainsi que nul danger ne les guettait depuis les profondeurs. Nul n'avait oublié que l'Archimagus Krenval fut jadis corrompu. La force tentatrice et maléfique pouvait toujours régner sur les deux niveaux engloutis.

Utilisant leur magie, les Magi vidèrent peu à peu le dixième niveau, rassemblant l'eau ainsi éliminée dans une mare non loin du puits de Calebaïs. Quelques Furetons accompagnèrent la Troupe dans son expédition dans les niveaux noyés, dont les porteurs du bouclier et de l'épée de David. Des Sodalis, menés par Wülfgar le muet et le fils de Nasseri, assuraient la couverture physique des Magi.

Une bonne surprise attendait les membres de la Troupe avant même leur descente vers l'inconnu. Orion découvrit que l'eau évacuée par leur effort commun était chargé de Virtus Aquam. De nombreuses richesses devaient attendre les Magi astucieux et suffisamment courageux pour les saisir. Leur première découverte fut le Laboratoire d'Ornath, clairement consacré à l'Art Aquam. Des restes de meubles pourris, de la vase au sol, rien n'avait été conservé ou plutôt, tout avait été emporté. Seule une fontaine dont l'eau disparaît avant d'atteindre le sol et une petite source occupaient toujours le Sanctum abandonné.

Le second Laboratoire débute par une massive colonne d'améthyste violette. A quelques pas, un linteau de pierre qui domina pendant des décennies une porte de bois, aujourd'hui disparue. Les Magi aperçurent un vaste espace rectangulaire donnant sur trois petites pièces, aux étagères regorgeant d'ouvrages. Entendant parler de manuscrits en nombre, Estrella de Bonisagus, habituellement si prudente au point de s'attirer les moqueries de ma maîtresse, se rua à l'intérieur du Sanctum sans prendre de précaution. Avant qu'elle ne puisse se saisir d'un des précieux tomes tant convoité, un mirage sembla jaillir de la pièce la plus au Sud, et intercepta la Maga. Elle tomba au sol, inconsciente avant de se relever presque immédiatement, les yeux vitreux. D'une voix désincarnée, elle ordonna aux Magi interdits de quitter ces lieux.

Courageux mais non téméraires, les membres de la Troupe effectuèrent un salutaire repli stratégique à l'entrée du Laboratoire, entre la porte et la colonne d’améthyste, hors de portée théorique de ce qui semblait être une protection magique résiduelle. Altaïr, toujours aussi habile, en profita pour se glisser dans le dos de la possédée, et l'assomma d'un coup puissant à la nuque. Hélas, la créature spectrale, à la forme indistincte, réapparut aussitôt. Gilles de Jerbiton utilisa ses pouvoirs pour la frapper, détournant son attention de Mélisandre de Mérinita et d'Altaïr qui pénétrèrent dans la pièce originelle de l'agressive apparition. Y découvrant un sarcophage, ils se démenèrent pour accéder à l'intérieur du catafalque et à ce qui semblait bien être un squelette humain.

Pendant ce temps Nathanaël de Tytalus, fidèle à ses talents de diplomate, tentait d'entamer une conversation avec ce qui ressemblait de plus en plus à un fantôme. Lorsqu'il eut la mauvaise idée, comme à son habitude, de prononcer le nom d'Ulaxarian, ce qu'il ne convenait plus d'appeler un mirage poussa un cri aiguë et perçant, avant de fondre sur la Magus qui ne dut son salut qu'à sa puissante magie.

Avant que le spectre éthéré ne puisse lancer de nouvel assaut ou changer de victime, Mélisandre de Mérinita le menaça, saisissant le crâne au milieu des ossements, altérant sa main de chair en cristal d'une pureté absolue, prête à pulvériser le fragile réceptacle. Le fantôme semble céder aux exigences de la Maga, et ses épaules immatérielles s'affaissent tandis qu'il annonçait être le familier de l'Archimagus Eono. La Troupe après une bref conciliabule proposa de libérer la pauvre âme depuis trop longtemps prisonnière, d'abord d'un thaumaturge, puis de sa disparition. Bien que le familier désespéré ne doutasse de leur capacité à le délier de ces lieux, Nathanaël de Tytalus, utilisant du Virtus Virtum, parvint finalement à affranchir l'esprit de ses dernières entraves terrestres.

Une exploration rapide du reste du Sanctum permit de découvrir une petite réserve et l'ancienne chambre d'Eono. Un hurlement de rage et de douleur absolues frappa alors les Magi qui se précipitèrent dans la pièce principale pour découvrir Estrella de Bonisagus agenouillée devant les restes pourris et désagrégés d'un des précieux ouvrages de l'Archimagus. Ayant éliminée tout danger, du moins visible, la Troupe décida de poursuivre son exploration du dixième niveau. A peine sortis du Laboratoire, l'ensemble des Magi se retrouva sans aucun souvenir des derniers événements, leur Parma Magica baissée. Ils décidèrent alors de visiter le Laboratoire et ce n'est qu'après plusieurs visites infructueuses qu'ils se rendirent compte que si l'un d'entre seulement ressortait il ne perdait pas la mémoire. Notant leurs observations sur du parchemin, ils permirent ainsi à tous de garder en mémoire une trace de leurs découvertes. Ce n'est que bien plus tard, utilisant des sorts pour observer le passé, qu'ils redécouvrirent leur rencontre avec le familier d'Eono et leur décision pleine de miséricorde.

Dans un couloir à angle droit, suffisamment rare pour être noté dans Calebaïs aux courbes nombreuses, Orion de Verditius fut frappé par plusieurs carreaux qui jaillirent des murs avant qu'il ne puisse réagir. Wülfgar passa son bouclier prudemment dans la coursive piégée, déclenchant une nouvelle fois un tir, cette fois sans gravité. Tandis que les servants et les Magi s'occupaient d'Orion gravement blessé, Estrella de Bonisagus fit pousser du lierre à travers le couloir, s'introduisant dans les orifices cracheurs de mort, avant de transformer l'habile végétal en métal et ainsi s'assurer de la sécurité de tous.

Le Laboratoire qui suivait était une enfilade de quatre pièces. La première, une chambre, richement décorée et ornementée. Un lit magique en occupait une bonne partie ; y reposait le corps de l'Archimagus Dargaud, parfaitement conservé. Un sort simple de Muto Terram permet d'ouvrir le mur qui séparait cette pièce de la suivante, une nouvelle chambre mais bien moins ouvragée, sans nul doute celle de l'apprenti du Magus. La troisième pièce disposait de deux entrées mais les membres de la Troupe n'eurent pas le temps d'en voir bien plus car ils furent pris à parti par une statue de bois représentant un archer qui commença à décocher des flèches dans leur direction. A l'aide de leur magie ils déplacèrent l'étrange construction dans une pièce vide, retenue par des entraves et puissamment bloquée contre un mur. Ils découvrirent par la suite un atelier d'artisan d'une richesse peu commune, et de nombreux documents malheureusement détrempés eux-aussi, ainsi que de nombreux objets magiques. Orion de Verditius en oublia même la douleur pour explorer avec minutie la pièce.

Pendant ce temps Mélisandre de Merinita, sans doute inspirée par une vision, se rendit compte que la dernière pièce, le Laboratoire proprement dit, était également piégé. Toute créature vivante qui pénétrait à l'intérieur disparaissait sans laisser de trace. Après plusieurs expérimentations empiriques à base de souris et de chats que ma fantasque maîtresse faisait apparaître, les Magi comprirent que le plafond de la pièce était enchanté, et que dissimulé, il ne représentait plus un danger. Sur un des murs du Laboratoire quelques mots de latin dominait les restes d'un bâton de Mage de corail rouge serti de diamants, d'ambre et de saphirs, couronné d'une dent de dragon, brisé en deux, sa magie disparue : « l'élève a dépassé le maître ». Une dernière petite pièce faisant office de réserve fut explorée et toutes les possessions de l'Archimagus référencées, décrites et stockées en attendant d'être étudiées par la Troupe plus que satisfaite de ses trouvailles et de sa réussite. Grâce au niveau rituel d'Estrella de Bonisagus et un peu de chance, ils purent de plus récupérer et reproduire à l'identique la majorité des documents détruits par l'immersion dans les niveaux inondés au cours des des dernières décennies. La Maga y passa de longs mois mais finalement son cri de victoire résonna longtemps dans l'Alliance souterraine.



La suite...

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