Les Femmes et le catharisme dans le Languedoc (12è-14è siècles)
Le phénomène du catharisme languedocien est vaste et très complexe.
Non seulement parce qu’il s’étale sur près de trois siècles au cours
desquels il connaît de nombreux rebondissements, mais aussi parce qu’il
implique, à des degrés d’engagement divers, toutes les strates de la
société occitane de son temps.
Le but de cet article n’est pas d’étudier les moindres détails d’une
religion, d’une croisade militaire et d’un travail inquisitorial visant
à éradiquer ce que nous appellerons, par facilité et non par jugement,
l’hérésie cathare. Néanmoins, ces aspects seront largement abordés afin
de parvenir à l’objectif premier de cet écrit : analyser la vision et
l’implication des femmes vis-à-vis du catharisme. Pour cela, je
commencerai par présenter la société et le statut de la femme en
Languedoc aux 12è et 13è siècles ; je préciserai ensuite les grands
principes de la religion cathare et l’organisation de son Eglise pour
terminer, dans une troisième partie, sur la question de son engagement
féminin.
Avant de débuter cette démonstration, il est nécessaire de préciser
certains aspects pratiques. Tout d’abord celui des sources : pour
rédiger ce travail, je me suis basée sur les ouvrages de grands
spécialistes de la question, à savoir Michel Roquebert, Anne Brenon,
Jean Duvernoy et Gwendoline Hancke. Ces références, de vraies
encyclopédies du catharisme, seront citées à la fin de cet article.
Vient ensuite la question du vocabulaire : par volonté de réalité
historique, j’ai choisi d’emprunter les mots occitans des principaux
termes religieux et culturels de l’époque.
La société occitane et le statut de la femme en Languedoc aux 12è et 13è siècles
Définir la société occitane du Languedoc des 12è et 13è siècles nécessite en premier lieu les définitions mêmes des mots Languedoc et occitan.
En effet, qu’impliquent ces termes ? Pour le premier, il détermine
étymologiquement un territoire où l’on parle la « langue d’oc »,
correspondant aux régions administratives actuelles de Midi-Pyrénées et
du Languedoc-Roussillon. Mais au Moyen-âge et dans le contexte qui nous
occupe, à savoir le catharisme et la société féodale où s’entremêlent
divers territoires plus ou moins grands (dont le plus important est le
comté de Toulouse) et liés entre eux par des liens, souvent fragiles, de
vassalité, ses frontières sont plus floues et changeantes, d’autant
plus qu’il semble fort que l’hérésie se soit plus développée à l’ouest
qu’à l’est de cette partie géographique. Nous définirons donc, pour cet
article, le terme de Languedoc comme un « Languedoc cathare »,
comprenant les terres allant, en gros, de Cahors à Perpignan et de
Béziers à Auch, sachant toutefois que le catharisme s’y développe de
façon inégale.
Pour l’adjectif occitan, il se rapporte au mot Occitanie,
terme lui aussi géographique, comprenant bien évidemment le Languedoc
mais encore toutes les autres aires où l’on parle la langue occitane.
Tout comme pour le terme Languedoc, il est impossible d’en
déterminer des frontières exactes du fait qu’il ne s’agit pas d’une
région administrative déterminée et qu’au Moyen-âge, elle est elle aussi
soumise à l’organisation féodale. Le principal paramètre commun à
toutes ces régions, c’est évidemment la langue d’oc, parlée entre
l’Atlantique et la plaine du Pô d’une part et les Pyrénées et le Massif
Central d’autre part. Mais il en existe d’autres, aussi fondamentales :
une culture et une mentalité spécifiques ainsi qu’une organisation
sociale et politique différentes sur bien des points de celle que l’on
peut trouver dans le nord de la France.
Comment peut-on alors définir cette « société occitane » ?
Tout d’abord, comme dans le reste de l’Europe, elle est soumise,
nous l’avons dit, à l’ordre féodal. Trois classes sociales très
hiérarchisées composent celui-ci : l’Eglise, l’aristocratie et la masse
des paysans. Pour la première, « ceux qui prient », il s’agit d’une
classe elle-même divisée avec, à sa tête, les évêques, très riches,
souvent issus de la seconde classe, l’aristocratie. Vient ensuite le
clergé régulier dont les représentants, les moines, possèdent de vastes
propriétés faisant d’eux des seigneurs très influents. Pour terminer, on
trouve le bas clergé séculier, en contact quotidien avec les fidèles,
notamment ceux issus de la troisième classe, et partageant bien souvent
leur mode de vie extrêmement modeste, voire pauvre.
L’aristocratie, quant à elle, se compose également de différentes
strates : à son sommet, on trouve de puissants seigneurs avec des
patrimoines fonciers extrêmement importants, comme le comte de Toulouse
ou, dans une moindre mesure, le vicomte de Trencavel. Gravite autour de
ces grands féodaux toute une caste très nombreuse (nous verrons
pourquoi) de petits nobles chevaliers, en théorie leurs vassaux à qui
ils confient des châteaux et des territoires ou font don de fiefs en
échange de services militaires rendus. Cependant, et son importance est
l’une des spécificités du Languedoc, certains de ces nobles
s’affranchissent peu à peu de leur suzerain et déclarent leur terre
comme alleu. Celui-ci se définissant comme étant une possession
héritée de personne d’autre que de l’ancêtre qui l’a transmise, un
propriétaire d’alleu n’est, par conséquent, le vassal de
personne et n’a aucun devoir féodal envers quiconque. De même, il est le
seul détenteur du pouvoir économique et judiciaire sur ses terres.
La troisième classe sociale est celle, très massivement majoritaire,
des paysans. Essentiellement dépendants de l’aristocratie pour laquelle
ils travaillent (bien qu’il y ait quelques paysans propriétaires
d’alleux), ils doivent à ces derniers redevances et corvées diverses en
échange de leur protection et de services (droit d’utiliser le four ou
le moulin banal par exemple).
Il ne faut pas oublier, dans notre énumération, une autre
caractéristique languedocienne : la ville en tant qu’entité politique et
économique autonome. Prenant modèle sur les cités italiennes, elle est
dirigée par une oligarchie à la fois bourgeoise et nobiliaire, les
consuls. La féodalité n’est toutefois pas absente de ses murs. En effet,
les grands seigneurs du Midi parviennent à préserver dans les villes se
situant sur leurs terres un minimum de pouvoir et de pression,
notamment dans les cités de Carcassonne, Béziers et Albi. Toulouse,
quant à elle, est en conflit permanent avec le comte dont elle dépend
mais les deux opposants sauront s’unir pour faire face à la croisade. Au
sein de ces villes, on trouve des paysans, des nobles mais aussi une
nouvelle catégorie sociale qui prendra de plus en plus d’essor : la
bourgeoisie, composée de commerçants et artisans dont la richesse tient
de très prospères affaires.
Et la femme ? Quelle est sa place dans cette société patriarcale ?
Contrairement à l’image d’Epinal montrant une femme médiévale
entièrement soumise à l’homme et sans aucun droits, il est nécessaire de
souligner que ce n’est pas tout à fait exact au sein de la société
languedocienne, du moins jusqu’au 13è siècle et la redécouverte du droit
romain. Certes, si l’on étudie notamment le droit coutumier du Midi, on
se rend compte que la femme reste subordonnée à l’homme : elle est
généralement moins instruite que lui et n’a pas accès aux charges
publiques. De même, elle demeure majoritairement assujettie aux mariages
arrangés visant à sceller la paix ou sauvegarder un patrimoine.
Cependant, c’est dans le droit privé qu’elle trouve son autonomie :
majeure à douze ans (alors que l’homme l’est à quatorze ans), elle
hérite de son père au même titre que ses frères, même si elle n’est pas
l’aînée, la primogéniture n’existant pas en Languedoc. Cette
prérogative, néanmoins, est limitée : elle ne s’applique pas si la femme
est mariée au moment du décès de son père, car ce dernier lui a déjà
fourni sa dot, qui représente en effet sa part d’héritage. Cette dot,
d’ailleurs, est l’assurance de sa survie en cas de veuvage : l’époux n’a
aucun droit de gestion et de contrôle sur elle. Par conséquent, s’il
décède, sa veuve voit son avenir relativement assuré, d’autant plus si
son mari lui a légué d’autres capitaux (fonciers, immobiliers,
pécuniaires…). Autres avantages concédés : comme elle peut disposer de
ses biens, la femme peut donc vendre, acheter, emprunter, se porter
caution, aller en justice… De même, toujours en cas de veuvage et si
elle a des enfants, elle se retrouve chef de famille. Par ailleurs, bien
souvent, dans les communautés d’artisans et commerçants des villes,
elle travaille.
Ces différents privilèges font qu’il est assez fréquent qu’une
femme, majoritairement issue de la noblesse, soit pleine propriétaire
d’un alleu ou gérante d’un fief. Cette caractéristique est extrêmement
importante car elle va jouer un rôle essentiel dans le développement du
catharisme. En effet, ces alleux ou fiefs sont souvent localisés dans ce
que l’on nomme les castrums. Cette organisation sociale, politique et économique de l’incastellamento (terme italien où le phénomène est très fréquent), autrement dit, en français, l’enchâtellement, ou en latin donc, castrum,
se définit par l’édification de villages, souvent haut perchés sur des
collines ou des montagnes, construits de façon groupée et concentrique
autour d’un château. Le tout est cerclé de remparts de protection. Les castrums
occitans ont néanmoins une singularité : ils sont fréquemment composés
de coseigneuries. Ce phénomène s’explique par le partage égalitaire de
l’héritage dont j’ai déjà fait mention : le seigneur d’un castrum
léguant ses possessions à ses enfants (filles et garçons) à parts
égales, le village se retrouve donc divisé en plusieurs petits domaines
souvent constitués de maisons plus ou moins cossues, futurs lieux de
prédilection des communautés cathares, dont les membres sont surtout
originaires de cette modeste noblesse. Modeste, voire pauvre, puisque
cette fragmentation du patrimoine réduit les richesses individuelles.
Elle explique aussi le très grand nombre de petits seigneurs en
Languedoc.
Cette vision relativement positive de la femme s’inscrit-elle dans
un contexte purement languedocien ? Une chose est sûre, ses droits sont
davantage restreints dans le nord de la France, soumis à une coutume
germanique plus sévère à son encontre. Par ailleurs, les 12è et 13è
siècles voient l’essor, dans le Midi, de la Fin’amor (voir mon article à ce sujet),
dont les poèmes chantés mettent la femme sur un véritable piédestal. Il
est toutefois nécessaire de nuancer cet aspect trop optimiste : la
femme languedocienne, même si elle bénéficie de certaines libertés, n’en
reste pas moins subordonnée à une société qui demeure patriarcale. De
même, voir le phénomène de la Fin’amor comme une
« libération de la femme » est totalement anachronique : en effet, loin
d’être mis en pratique dans la vie quotidienne, l’amour courtois reste
avant tout un phénomène littéraire.
Chevalier rendant hommage à sa Dame
J’ajouterais cependant que la relative ouverture d’esprit que l’on
peut trouver en Languedoc, représentée par une culture profane élaborée,
des structures de sociabilité développées et une grande facilité dans
les échanges, va constituer le terreau du développement du catharisme.
Et ce catharisme, mouvement religieux tolérant, pacifique et
théoriquement égalitaire, va à sa façon être un moyen d’expression libre
et d’engagement féminins.
Définition et organisation du catharisme languedocien
Avant de revenir sur le sujet qui nous intéresse, à savoir la
participation féminine à l’hérésie cathare, il est avant tout essentiel
de déterminer ce qu’est le catharisme et quelle est son histoire. La
question est ardue, je n’en dessinerais donc que les grands traits.
Ce que nous appelons le catharisme est un courant religieux dualiste
chrétien né vers 950 dans les Balkans. D’abord limité à la Macédoine,
il prolifère ensuite dans toute l’Europe, et principalement dès le début
du 12è siècle en Bourgogne, en Champagne, en Rhénanie, en Italie du
nord et, bien sûr, dans le sud de la France. Dans les trois premières
régions, il est très rapidement réprimé alors qu’il se développe
fortement, puisqu’il ne fait pas l’objet de condamnation de la part des
pouvoirs locaux, dans les deux dernières.
Comme plusieurs autres dissidences religieuses qui naissent aux 12è
et 13è siècles, le catharisme remet en cause l’Eglise catholique par le
rejet de son clergé, ses sacrements et la vision de ses dogmes sur la
Création, le Christ et le Salut. Il n’accepte pas non plus la décadence
des mœurs ecclésiastiques et la richesse de ses hautes sphères, de plus
en plus marquées malgré la tentative de mise en ordre par la réforme
grégorienne depuis le 11è siècle.
Le livre de référence des cathares, ce sont les Evangiles. En effet,
il est important de souligner, pour éviter toute confusion ou mauvais
cliché ésotérique, que le catharisme est, avant toute chose, un courant
chrétien dualiste, basé sur l’opposition entre le Bien et le Mal, comme
l’est le catholicisme, à la différence que ce dualisme est poussé à son
extrême. En effet, pour les cathares, la vie terrestre et tout ce qui
s’y rapporte ne peut avoir été créé par Dieu. Dieu est bon, il ne
pourrait pas permettre toutes les atrocités, les souffrances et les
difficultés de la vie humaine. Le monde n’a donc pas été créé par le
vrai Dieu, mais par un Dieu mauvais.
La source de cette croyance au Mal se situe dans le mythe fondateur
du catharisme, celui de la Chute des anges. Notons les différences avec
celui que l’on trouve chez les catholiques : selon les cathares,
Lucifer, empli d’orgueil, est chassé du Paradis. Il tombe du ciel par un
trou avec les anges qui ont bien voulu le suivre. Cependant, dans cette
descente sont aussi emportés, par mégarde, d’autres anges qui eux,
voulaient rester au Paradis. Après cette chute, ils se mettent à
pleurer. Pour les faire taire, Lucifer les enferme alors dans des corps.
Et avec le temps, ceux qui sont devenus des humains en oublient leur
origine céleste. Dieu décide alors de leur rappeler d’où ils viennent :
il écrit le Nouveau Testament et déclare aux anges restés près de lui
que celui qui réalisera tout ce qui s’y trouve sera son fils. L’un
d’eux, prénommé Jean, se porte volontaire pour remplir cette lourde
tâche. Il part donc sur Terre sous le nom de Jésus et sous apparence
humaine, afin de sauver les âmes oubliées. Son but est de leur rappeler
que leur véritable patrie est céleste, qu’ils sont en fait des âmes
divines emprisonnées dans des peaux qui, elles, sont mauvaises. Comment
les libérer de ces corps mauvais ? Jésus leur enseigne et leur transmet
alors le baptême par imposition des mains, seul moyen d’atteindre le
Salut.
Ce rituel que les cathares appellent, en occitan, le consolament,
représente le seul sacrement de leur Eglise. En effet, il n’en existe
pas d’autres : ni mariage, ni baptême par l’eau, ni eucharistie.
Pourquoi ce rejet ? Tout d’abord, le mariage, dont le but, chez les
catholiques, est d’encadrer et contrôler la sexualité, est pour les
cathares un acte qui ne peut être sacré. En effet, les relations
sexuelles, hors ou dans le mariage, touchent au corps, donc à ce qui est
mauvais. Ils récusent aussi le baptême par l’eau, leur préférant le
baptême par les mains, comme le faisaient Jésus et ses Apôtres. Enfin,
l’hostie, censée représenter le corps du Christ, ne peut exister : Jésus
n’était pas humain, il ne peut donc avoir de corps. Et « manger » un
corps, c’est consommer le Mal.
Comment les adeptes de l’Eglise cathare mettent-ils ces concepts en
pratique dans leur vie quotidienne ? Il est là essentiel, à ce stade, de
distinguer deux catégories de cathares : les membres du clergé d’une
part et les simples croyants d’autre part.
Les premiers, que leurs ennemis (l’Inquisition, entre autres)
nomment communément « parfaits » et « parfaites », mais qui eux
s’autoproclament « Bons Hommes » et « Bonnes Femmes » ou tout simplement
« Bons Chrétiens », suivent les préceptes de Jésus et de ses apôtres à
la lettre. Ces préceptes se manifestent par des pratiques de pureté et
d’ascèse : chasteté, interdits alimentaires (pas de viande ni aucune
autre nourriture provenant d’animaux, sauf le poisson ; carêmes…),
non-violence, charité, pauvreté et travail. En effet, les membres du
clergé cathare sont dans l’obligation de vivre de leurs mains, même
s’ils sont nobles : on trouve parmi eux, notamment, de nombreux
tisserands.
Le seul sacrement, nous l’avons vu, que les parfaits octroient est le consolament.
En quoi ce rite d’imposition des mains consiste-t-il exactement ? Nous
l’avons dit, il sert tout d’abord à l’âme emprisonnée dans le corps à
rejoindre le Paradis, le monde du « vrai Dieu ». Le consolament
est donc pratiqué sur les croyants, au moment de leur mort, ce qui le
rapproche de l’extrême-onction catholique. Mais pas seulement. Il permet
aussi l’ordination, et par conséquent l’entrée dans l’Eglise cathare,
d’un simple homme ou d’une simple femme. Dès que ces derniers deviennent
parfait ou parfaite, leur âme est d’ores et déjà sauvée. Ils peuvent
aussi à leur tour donner ce sacrement à quiconque veut entrer dans le
clergé cathare ou mourir dans sa foi. Puis, pour les ordonnés, une
nouvelle vie, faite de privations, commence pour eux, nous l’avons
évoqué plus haut. On pourrait croire néanmoins qu’elle se limite à une
existence monastique retirée, comme dans les couvents catholiques. Il
n’en est rien. Car une des originalités du catharisme tient en ce que
ses représentants font partie d’un clergé à la fois régulier et
séculier.
Effectivement, en plus des pratiques ascétiques dont nous avons
parlé, les parfaits, selon leur règle, mènent une vie de prières.
Cependant, ils ne demeurent pas, et c’est là une grande différence avec
le catholicisme, cloîtrés dans des monastères. Bien au contraire, ils
sont en contact permanent avec la population, ne serait-ce déjà par leur
lieu de résidence principal : la maison, située au cœur du castrum.
En effet, c’est là que Bons Hommes et Bonnes Femmes vivent, en
communautés réparties selon le sexe. Ces maisons, pouvant atteindre un
nombre important dans le village, sont des endroits que l’on pourrait
presque qualifier de publics tant les visiteurs, hommes ou femmes, et
les échanges y sont abondants. Le travail manuel effectué par les
parfaits et parfaites attire déjà ceux qui ont besoin de leurs produits
(tissus, pain, vêtements, chaussures, chapeaux…), mais aussi ceux qui
les fournissent en matières premières. Lieu d’échange commercial visant à
la simple subsistance, donc. Mais pas seulement. On vient aussi, et
principalement, pour écouter la prédication des parfaits, partager leur
repas, assister à la bénédiction du pain (rituel en hommage au dernier
repas du Christ) et leur rendre le melhorament. Ce dernier
consiste en une adoration envers les Bons Hommes ou Bonnes Femmes et se
caractérise par trois génuflexions du croyant aux pieds du parfait ou de
la parfaite et par ces paroles « Bénissez-nous seigneur ; priez pour
nous et conduisez-nous à une bonne fin », ce à quoi l’homme ou la femme
d’Eglise répond « Dieu vous bénisse ! Nous prions Dieu pour qu'il vous
fasse bon chrétien (ou bonne chrétienne), et vous amène à bonne fin ».
Les membres de la communauté ne restent pas non plus confinés dans
leur maison. En effet, un des devoirs du parfait et, dans une moindre
mesure, nous le verrons, de la parfaite, est de parcourir les campagnes
et les villes pour prêcher. A l’image des Apôtres, les prédicateurs sont
toujours deux. Ainsi, une parfaite est sans cesse accompagnée de sa sòcia, et le parfait de son sòci.
Et les croyants, qui sont-ils ? Michel Roquebert en donne une
première définition : « Autour de l’Eglise proprement dite, gravite la
masse mouvante des simples fidèles, les « croyants des hérétiques »,
comme les nomme l’Inquisition. Mouvante, sans frontières précises avec
la masse des fidèles catholiques, car on trouve chez elle, comme chez
l’autre, toutes les nuances possibles dans l’adhésion aux articles de la
foi prêchée par les parfaits (…) » (Histoire des Cathares, Perrin, 2002, p. 86).
En effet, l’engagement des croyants vis-à-vis de la foi cathare varie
selon les individus. On trouve des fidèles très assidus, rendant
régulièrement visite aux parfaits, pratiquant systématiquement à leur
encontre le melhorament, écoutant leur prêche et assistant à la
bénédiction du pain. Viennent ensuite les croyants occasionnels,
fluctuants sans cesse entre la foi catholique et la foi cathare, ou
conjuguant les deux puisqu’il arrive parfois, au moment de sa mort,
qu’une personne demande à la fois le consolament et
l’extrême-onction. Une façon, certainement, de s’assurer doublement le
Salut… On trouve aussi de simples sympathisants du catharisme, des
catholiques pour qui l’hérésie ne représente pas une menace et ne choque
en aucun cas leurs propres croyances. Bien souvent, ces sympathisants
ont dans leur propre famille des adhérents à la foi cathare, voire même
des parents parfaits ou parfaites.
Notons dès à présent que ces fidèles ou sympathisants vont se
révéler d’une extrême utilité aux parfaits et parfaites durant leur
persécution. En effet, ils développeront un réseau de solidarité très
étendu afin de cacher, nourrir ou accompagner les Bons Hommes et Bonnes
Femmes dans leur fuite. Nous y reviendrons.
Les membres du clergé cathare obligent-ils ces croyants à suivre des
règles religieuses strictes et assidues ? Il n’en est rien. Citons une
nouvelle fois Michel Roquebert : « Aucun rite, aucun sacrement, aucun
engagement ne fait le croyant. Il n’est tel que par un libre choix sans
cesse renouvelé, qu’il peut abandonner à tout moment. Son lien avec
l’Eglise est tacite, purement virtuel, purement moral » (Histoire des Cathares, p. 88). Certes, ils pratiquent le melhorament
dès qu’ils sont en présence de parfaits, mais ces derniers ne les
forcent en rien à le respecter. Ils sont aussi libres de demander ou non
le consolament ou d’assister aux prêches. L’adhésion à la foi
cathare est un choix individuel, en théorie. Car il n’est pas rare que
cette foi soit transmise par la famille, et qu’elle soit donc reçue par
l’éducation de façon « naturelle ».
L’histoire des cathares, par ailleurs, est aussi l’histoire d’une
persécution, qui commence en grande ampleur dès 1209. A Rome, le pape
Innocent III craint la forte extension de la foi hérétique. Elle touche
en effet, à des degrés divers et noblesse en tête, presque toutes les
classes sociales et bénéficie de la tolérance, voire de l’indifférence
des grands pouvoirs (comte de Toulouse et même haut clergé
languedocien). Après les vaines tentatives, pacifiques, de Saint
Dominique et de son ordre nouvellement créé des Frères Prêcheurs de
lutter contre le catharisme par une prédication de proximité, le pape
prend la décision, précipitée par l’assassinat de son légat Pierre de
Castelnau en terre occitane en 1208, de lancer une véritable croisade en
Languedoc. Il fait appel au roi de France, qui refuse de s’y engager,
considérant que lui seul, en tant que suzerain de ses armées, a le droit
d’intervenir. Les barons du nord, Simon de Monfort à leur tête, vont
alors prendre la croix à titre personnel, attiré par les promesses
d’Innocent III de leur offrir non seulement des indulgences, mais aussi
les terres confisquées des hérétiques.
Cette croisade, qui va durer vingt ans, se révèle être un coup dur
non seulement pour les cathares qui doivent sans cesse se cacher, mais
aussi pour la société occitane dans son ensemble : la guerre éclair que
Simon de Montfort, personnage violent et ambitieux, mène notamment tout
au long de l’année 1209 avec ses troupes n’épargne personne, pas même
parfois les catholiques, comme lors du sac de Béziers le 22 juillet.
Partout où il passe, ce ne sont que bûchers de parfaits et massacres de
populations. La structure de l’Eglise cathare, pourtant très organisée
puisqu’elle se compose de cinq évêchés (Toulousain, Albigeois,
Carcassès, Agenais et Razès), eux-mêmes constitués de diaconées
rassemblant plusieurs communautés, se retrouve totalement perturbée.
En 1215, le comte de Toulouse Raymond VI est dépossédé de ses terres
et de ses titres : Simon de Montfort hérite de ses biens. Il meurt
cependant en 1218 et son fils, Amaury, est vaincu par les armées
toulousaines en 1224. Les cathares peuvent donc sortir de leur isolement
et vivre à nouveau leurs convictions religieuses au grand jour. Ce sera
de courte durée. En 1226, le roi de France Louis VIII considère qu’il
est temps pour lui d’entrer dans la danse : la croisade reprend et ne
s’arrête pas à sa mort, en novembre de la même année, puisque la régente
du futur Saint Louis, Blanche de Castille, continue son entreprise. Les
ravages de l’armée des croisés se répètent : en 1227, toute la
population de Labécède est massacrée, les parfaits brûlés. En 1228,
après la victoire écrasante de Raymond VII à Castelsarrasin, les
campagnes sont dévastées par les troupes du maréchal de France, en
représailles. En 1229, Toulouse est menacée à tel point que le comte
préfère se rendre sans même tenter de combattre. Dans la foulée est
signé le traité de Meaux-Paris, où il se soumet aux volontés de Blanche
de Castille et du pape : sa fille Jeanne sera donnée en mariage à
Alphonse de France, frère du roi, ce qui sous-entend qu’à sa mort, son
comté sera rattaché à la couronne. L’indépendance du Languedoc
toulousain prend fin et, à nouveau, une vie d’errance et de persécutions
débute pour les cathares et leurs soutiens. En 1233, l’Inquisition est
en effet créée à Toulouse dans le but de combattre l’hérésie. Ce travail
sera de longue haleine puisque, grâce à un réseau de solidarité étendu
et à la persévérance des membres de l’Eglise cathare, il prendra près
d’un siècle et se terminera en 1329 avec le bûcher des quatre derniers
croyants (le dernier parfait, Guillaume Bélibaste, ayant été brûlé en
1321) connus : Raymonde Arrufat, Isarn Raynaud, Adam Baudet et Guillaume
Serre.
Les femmes et leur implication dans le catharisme
Après cette parenthèse, aussi longue que nécessaire, sur le
catharisme, son organisation et ses grandes dates, revenons à ce qui
fait l’intérêt de cet article : les femmes et leur engagement dans la
foi cathare.
Parlons tout de suite chiffres : tout comme pour le catharisme dans
son ensemble, il est très difficile de dire combien de femmes sont
pratiquantes, qu’elles soient croyantes ou parfaites. Ce que l’on sait,
cependant, c’est qu’elles jouent un rôle prépondérant dans le
développement de l’hérésie. Mais qui sont ces femmes cathares ?
Nous l’avons déjà esquissé, un très grand nombre de parfaites, sinon
la majorité, sont issues de la petite noblesse languedocienne (bien que
l’on trouve aussi des femmes paysannes ainsi que de la haute
aristocratie, comme Esclarmonde de Foix) des castrums, où elles possèdent (ou alors où un mari, un père ou un frère leur met à disposition) une maison
au sein de laquelle elles sont à la tête d’une communauté vivant selon
les règles de leur Eglise, à savoir la prière, la bénédiction du pain et
le travail manuel. Cette maison est aussi un lieu d’hospitalité et de
rencontres : les fidèles, qu’ils soient hommes ou femmes, viennent y
partager le repas des Bonnes Chrétiennes, leur rendre le melhorament et prendre de leurs nouvelles lorsqu’il s’agit de membres de leur famille.
Il est essentiel de développer ce terme de famille. Car
c’est bien là que se situe le cœur de la transmission du catharisme. En
effet, la foi cathare est avant tout une affaire d’éducation. On voit
souvent, dans les témoignages recueillis lors des enquêtes de
l’Inquisition, que de nombreuses femmes, simples croyantes, amènent
couramment leurs filles ou petites-filles en visite chez des parfaites.
Là, ces fillettes pratiquent le melhorament et il arrive très
fréquemment que quelques années plus tard, elles soient confiées par
leur mère à une communauté au sein de laquelle, en tant que novices,
elles apprennent les règles de l’Eglise cathare et deviennent à leur
tour, si elles le souhaitent, Bonnes Femmes. Il est rare que l’état de
parfaite soit imposé, même s’il est vivement encouragé, et parfois non
pas pour des causes religieuses mais pour des raisons économiques. Il
est, pour prendre un exemple, assez habituel, en effet, qu’une veuve
ayant de nombreux enfants ne puisse subvenir à tous leurs besoins. En
confier un ou plusieurs à une communauté la soulage de nombreux frais.
On notera que les familles croyantes qui envoient leur progéniture dans
les maisons le font souvent dans les communautés féminines, car, nous y
reviendrons, les parfaites se déplacent moins souvent que leurs
homologues masculins.
Il ne faut cependant pas penser que l’accession au statut de
parfaite ne se fasse que dans ce contexte éducatif. Même si ce dernier
joue un rôle prépondérant, on trouve d’autres motivations, plus
individuelles : en premier lieu, on repère de nombreuses veuves
ferventes croyantes qui, ayant hérité de leur époux ou bénéficiant de
l’usufruit de leur dot, décident de créer une communauté. Viennent
ensuite les femmes mariées désirant, par simple foi, quitter époux et
enfants pour la vivre pleinement (et notons ici l’ouverture d’esprit du
mari qui veut bien laisser partir sa femme, pour parfois la récupérer
quelques années plus tard quand celle-ci décide de revenir à une vie
laïque, ce qui n’est pas si rare…), ou encore l’épouse voulant échapper à
un mariage où elle n’a aucun épanouissement (mari violent, trop
nombreuses grossesses…). Enfin, bien qu’il reste relativement
exceptionnel, on trouve le cas de conversions de femmes issues de
familles catholiques.
Il est un fait certain : le statut de parfaite attire de nombreuses
femmes. Une première explication, logique, à cette constatation : le
monachisme catholique féminin est rare dans le Midi. En effet, peu de
monastères y ont été fondés. Par conséquent, un certain nombre de femmes
désirant mener une vie religieuse se tournent, tout naturellement, vers
le catharisme. Ce dernier leur offre non seulement l’existence
ascétique et communautaire qu’elles recherchent, mais aussi une
reconnaissance égale à celle qu’il propose aux hommes.
En effet, les cathares reconnaissent l’homme et la femme comme
entièrement égaux, selon les préceptes évangéliques : « Le système
cohérent et logique qu’ils tirent des Ecritures et qui règle leur vie
ignore à peu près tout, en principe, de l’inégalité des sexes. Il donne à
la femme capacité à la vocation religieuse et accès au Salut de manière
plus large et plus essentielle que son cousin catholique. Et les
femmes, semblent-ils, le lui rendent en ferveur » (Anne Brenon, Les Femmes cathares, Perrin, 2004).
Plus précisément, ce sont les âmes masculines et féminines qui ne se
différencient guère. Le corps ayant été créé par le Diable, c’est ce
dernier qui a fait de l’homme et de la femme des êtres distincts, tandis
que l’âme, elle, n’est pas sexuée. On retrouve cette pensée d’égalité
entre les sexes dans la pratique des croyants envers les parfaites : les
hommes leur rendent le melhorament, transcendant même parfois
l’ordre social pourtant très hiérarchisé, puisqu’il arrive que des
nobles se mettent à genoux devant des parfaites d’origine paysanne. Le
concept de la femme tentatrice, très présente dans la vision catholique,
n’a donc que peu de sens pour les cathares. Le Mal ne provient pas de
la faute d’Eve mais est une création de Satan.
Dans les faits cependant, cette égalité n’est pas si pure. Car bien
que les Bonnes Chrétiennes aient théoriquement le même pouvoir
d’octroyer le consolament aux novices ou aux mourants et
d’aller prêcher auprès des populations au cours de déplacements, on
remarque que ces attributions sont plus souvent une affaire d’hommes.
Les parfaites, en effet, mènent une vie plus sédentaire que leurs
homologues masculins, bien qu’elles soient tout à fait libres de se
déplacer. Deux raisons à cela : la première est que, ne l’oublions pas,
la société médiévale est une société de violence où la sécurité de
femmes voyageant sans escorte n’est pas assurée. Le danger est partout
et s’accentue encore plus lors de la Croisade et la persécution.
Deuxième cause, et certainement, dans le même temps, conséquence de la
première : les parfaites ont plus souvent à charge l’éducation cathare
des novices qu’on leur confie et le soin aux malades. Par ailleurs, on
ne trouve pas de femme diacres ou évêques.
Elles ont cependant une grande autonomie dans la gestion de leur maison qui est sous l’autorité d’une supérieure et de sa sòcia.
Ces dernières y organisent, en plus du travail manuel qui leur incombe,
la vie quotidienne des autres parfaites et novices composant la
communauté, l’accueil des croyants et les rituels de prière. Voyageant
moins que les hommes, leur prêche se fait donc le plus souvent au sein
même du castrum, dans la maison ou sur la place du village. De
ce fait, elles touchent les classes sociales d’artisans et de paysans
habitant la cité.
Leur existence change considérablement dès 1209 et le début de la
croisade papale. Dans l’obligation de fuir, les parfaites, tout comme
les parfaits d’ailleurs, désertent les castrum et se réfugient
dans les bois ou dans les régions non encore touchées par les
dévastations des armées de croisés. Au cours de ces nombreux
déplacements, elles trouvent presque toujours le soutien de locaux, et
notamment des seigneurs (leurs épouses surtout !) acceptant de les
cacher, les loger et les nourrir.
Parfois, des parfaites ne peuvent échapper à leur destin, comme ce
fut le cas pour Dame Géralda lors du massacre de Lavaur par les hommes
de Simon de Monfort, le 3 mai 1211. Jetée au fonds d’un puits, elle est
ensuite lapidée. Pour d’autres, le seul moyen d’assurer leur sécurité
est de renier leur foi. L’exemple d’Arnaude et Peironne de Lamothe est
dans ce sens assez révélateur. Après la défaite du comte de Toulouse à
Muret en septembre 1213, Austorgue de Lamothe s’inquiète pour ses filles
et envoie les chercher pour les ramener à Montauban. Elle réussit à les
raccorder à l’Eglise catholique par l’intermédiaire de l’évêque de
Cahors. Simple apparence, puisque dans l’ombre, les deux femmes
continuent à pratiquer leurs rituels et à rencontrer d’autres parfaits.
Dame Géralda précipitée dans le puits
Après la brève parenthèse de paix et de liberté retrouvées
(1224-1226), la croisade royale débute. Les parfaites doivent à nouveau
vivre dans la clandestinité et trouver des soutiens. Ces derniers sont
nombreux et constituent de véritables réseaux très organisés, que ce
soit au sein des familles nobles croyantes ou sympathisantes ou bien de
celles de l’oligarchie consulaire des villes.
En 1229, avec la soumission définitive du comte de Toulouse et le
traité de Meaux, la persécution des cathares s’accentue pour
s’institutionnaliser avec la création, en 1233, de l’Inquisition.
Beaucoup de Bons Hommes et de Bonnes Femmes fuient alors vers le château
de Montségur, encore protégé, où l’Eglise cathare se reconstitue, son
évêque en tête. Mais pour les autres, représentant la majorité du
clergé, c’est une vie d’errance et de déplacements incessants qui
continue. Autant dire que pour les parfaites, cette existence est
extrêmement difficile, d’autant plus que l’Inquisition, qui se déplace
de villages en bourgs, n’hésite pas, après de longs interrogatoires et
enquêtes, à emprisonner et allumer des bûchers, même posthumes (on brûle
les cadavres de parfaits et parfaites déterrés). Elle encourage aussi
la délation, ce qui crée une ambiance de méfiance pesante. On voit alors
des parfaits et parfaites qui, capturés, dénoncent leurs semblables à
leur tour pour sauver leur vie.
Il est cependant un point essentiel à souligner sur l’Inquisition.
L’image qui émane d’elle est souvent celle d’une institution qui brûle à
tour de bras, sans procès, bref, qui massacre littéralement tous ceux
ne partageant pas les idées catholiques. Nuançons ce cliché. Car même si
elle n’est certes pas un enfant de cœur, l’Inquisition n’est pas non
plus tout à fait celle que l’on croit. En effet, les simples croyants
cathares, en règle générale, ne subissent que des peines de prison ou
doivent effectuer des pèlerinages. De même, les parfaits et parfaites
choisissant d’abjurer l’hérésie sont en règle générale sauvés du bûcher.
Ce cas est fréquent, mais on trouve aussi beaucoup de témoignages de
Bons Chrétiens, et notamment de Bonnes Femmes, refusant cette option et
préférant mourir dans leur foi. L’exemple de Montségur est, à ce titre,
plutôt significatif : le 16 mars 1244, après s’être rendue suite au
siège du château par l’armée royale, la totalité des parfaits et
parfaites, au nombre de 225 personnes, est brûlée vive. Personne n’a
abjuré, bien au contraire puisqu’au cours des jours précédents, de
nouvelles ordinations avaient été effectuées.
La chute de Montségur marque un tournant majeur dans l’histoire du
catharisme. Ce qui reste de l’Eglise cathare fuit en Lombardie et les
soutiens nobles locaux, ayant peur des représailles de l’Inquisition
menaçant de se saisir de leurs biens, se font de plus en plus rares. La
vie d’errance des parfaites, faite de fatigue, de faim, de froid et de
peur d’être dénoncées, devient vite trop difficile : dès la seconde
moitié du 13è siècle, on ne trouve plus de Bonnes Chrétiennes. Seuls les
parfaits résistent dans la clandestinité, soutenus cette fois par la
masse des croyants issus majoritairement de la paysannerie, et avec eux
subsiste encore fortement la foi cathare. Cette dernière sera
définitivement étouffée dans les années 1320. L’Inquisition aura donc
mis près de 90 ans à éradiquer totalement l’hérésie, preuve que cette
dernière était bien ancrée dans les croyances et la vie quotidienne du
Languedoc médiéval.
Bibliographie
Anne BRENON - Les Femmes cathares, Perrin, 2004.
Michel ROQUEBERT - Histoire des cathares, Perrin, 2002
Jean DUVERNOY et Emmanuel LE ROY LADURIE - Le Registre d'Inquisition de Jacques Fournier, Bibliothèque des introuvables, 2007.
Gwendoline HANCKE - Les Belles hérétiques, L'Hydre, 2001 (disponible en libre accès ici)
Un documentaire indispensable : Les Cathares, à visionner ici.
Source : "Les Femmes dans l'Histoire" - http://www.histoire-des-femmes.com
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