Les Chroniques de la Nouvelle-Calebaïs
D'une histoire de fantômes, de démons et de dragons (2e partie)
Au matin, les environs de
l'Alliance étaient couverts d'une neige immaculée. Picard
d'Ex-miscellanea semblait décidé à prendre la situation en main,
de nombreux Magi plus anciens semblant se désintéresser de la
situation ou s'être absentés au pire des moments. Il s'entretînt
avec la couturière, Emmangarde, pour qu'elle s'assure que la jeune
cathare soit correctement vêtue ; le froid étant
particulièrement vif dans le puits. Puis il se rendit auprès de
Luigi, qui devait être sous bonne garde et endormi grâce aux
talents de Syndarion.
Geraldus le Fureton, qui
s'était glissé dans les pas du Magus, fut le premier à
parvenir au laboratoire de l'alchimiste et à apercevoir un des héros
de son clan endormi pendant son tour de garde à cause de la magie du
demi-fae. N'écoutant que sa nouvelle réputation de préféré de la
Déesse, après tout il avait porté pendant quelques heures son
visage, il arracha au malheureux endormi les cornes de satyres
symboles de son rang, et se déclara garde du corps du Magus
Picard. Armé de sa pique à viande, il pénétra dans le
laboratoire, gonflé de sa toute nouvelle fonction, réveillant
brutalement les dormeurs.
Luigi Vasco di Firenze semblait remis des effets dévastateurs des champignons féeriques, et parvint avec l'aide du Magus à retracer les événements. La découverte du fongus datait bien de l'été où les cauchemars avaient peu à peu rongé le moral de la Turbula et des Magi. Luigi demanda à Geraldus de veiller sur Germonde, la cathare, qui dotée du don de Double-Vue, pouvait sans mal retrouver toutes les colonies des champignons. En récompense il reçut une potion qui renforcerait son rang auprès des clans Furetons.
Le retour de Nathanaël
de Tytalus, très vite mis au courant des derniers événements,
entraîna la préparation d'une expédition pour Tarascon. Les Magi
présents craignaient, à raison, qu'une puissance magique, ou pire,
ait élu domicile dans la cité, et qu'elle fut responsable du réveil
des fantômes. Orion de Verditius conduisit le Seigneur d'Acqs,
Radoslav, le Magus Nathanaël de Tytalus, Benoît l’architecte,
originaire de la ville et le nain Gloïn, à la demande de Picard
d'Ex-miscellanea, jusqu'à Blancastel. De là le chevalier bogomile
serait rejoint par deux hommes d'armes, des chevaux et une charrette
avec quelques affaires et armes. Ils rejoindraient Tarascon par la
route si le temps le permettait.
Sur le conseil de
Radoslav, la troupe se rendit en premier lieu à quelques encablures
de la ville, dans le sanctuaire de Notre Dame de Sabart. Autour de
l’Église bâtie selon la légende par Charlemagne, une communauté
cathare s'était développée, vivant dans l'ensemble en bonne
entente avec les catholiques de Tarascon. Selon Nathanaël de
Tytalus, une relique sainte est conservée au sein de l'église mais
il ne put à cette époque en savoir plus. Le chef de la communauté
étant absent, deux cathares acceptèrent de conduire la troupe en
ville, là où Germonde avait commencé à perdre l'esprit et à voir
des fantômes.
Alors qu'ils
progressaient sous la neige, les cloches se mirent à sonner, et
suivant les gens qui se rendaient à la messe, ils pénétrèrent
dans l'église Saint-Paul. Le Père Georges, prêtre d'une des deux
paroisses de la cité, était un proche de l'hérésie cathare resté
néanmoins fidèle à Rome. Le prêche s'étendit sur la mort d'un
riche marchand de la cité, Arpagon, réputé pour son égoïsme et
son avarice. Suicidé, il ne pouvait être enterré en terre
chrétienne. Quatre hommes emportèrent alors le corps, resté à
l'extérieur de l'église, sous la neige.
Nathanaël de Tytalus
observât les tombes situées à l'extérieur du cimetière, attendant
l'arrivée du prêtre. Les plus récentes comme les plus anciennes
n'avaient pas de nom : des excommuniés. La Troupe comprit alors
que quelqu'un ou quelque chose manipulait les esprits sans repos de
ces suicidés, sans doute pour trouver un accès à l'Alliance, ou
pire, pour attirer des Magi en ville.
Malgré la menace, ils
interrogèrent néanmoins le prêtre, espérant en savoir plus sur
les tombes les plus récentes. Arpagon était selon le Père Georges
le plus riche drapier du comté. Selon lui il se pendit de honte
quand son fils, Fiacre, épousa une belle jeune femme, Nadala, aussi
jolie qu'elle était pauvre. Interrogeant l'homme d'Église sur
Germonde, ils apprirent qu'elle était touchée par le Malin depuis
son plus jeune âge. Elle avait gagné la communauté cathare suite
aux agissements du prédécesseur du Père Stéphane, un rigoriste
qui prêchait bien souvent contre l'hérésie. Quand aux tombes
récentes, elles appartiennent à un ivrogne et mendiant qui vivait
de la quête et de la pitié des habitants et à une boulangère,
Rostina, retrouvée morte étouffée par sa propre brioche. Un
quatrième homme, membre de la garde, avait été retrouvé mort
également dans l'autre paroisse.
Prenant congés du saint
homme, la Troupe décida d'explorer le centre ville, profitant des
dernières heures de jour. En discutant de la situation, ils furent
arrêtés par un attroupement. Des citadins jetaient des pierres à
un jeune garçon, qui ne semblait nullement en souffrir. Avant que
quiconque ne puisse intervenir, il fut porté en triomphe, mais tous
parmi les membres de l'Alliance s'aperçurent que nulle main ne
semblait le toucher. Gloïn, inquiet, fit appel à ses dons magiques,
et vit une vieille femme tentant de se dissimuler dans une ruelle.
Nathanaël, à son appel, commença la poursuite à ses côtés. Le
chevalier, ne comprenant pas ses compagnons partis chasser
l'invisible, patienta quelque temps que la foule ne se disperse, puis
entraîna le jeune garçon qui affirma se prénommer Bastien jusqu'à
l'église.
Sur le parvis, malgré la
présence du colosse défiguré et de ses hommes d'armes, il se venta
de ne craindre personne à l'exception de Dieu. Le Seigneur d'Acqs,
sans doute touché dans son orgueil, le défia et le frappa au visage
avec force. Bastien recula sous le coup mais aucune marque ou douleur
ne semblait l'atteindre. Selon lui, son fabuleux talent avait débuté
à la mort du capitaine de la garde, retrouvé noyé dans les douves
deux jours auparavant. Soucieux, le chevalier invita Bastien à faire
attention à lui et à le faire prévenir s'il souhaitait rentrer à
son service, espérant ainsi le garder à l’œil.
Pendant ce temps Gloïn
et Nathanaël de Tytalus perdirent la trace de la vieille femme, ou
plutôt se rendirent compte qu'elle n'en laissait aucune. Ils
parvinrent néanmoins face à une vieille maison abandonnée,
entourée de maisons en parfait état. Selon le Magus et le nain, la
maison dégageait une puissante aura démoniaque et dissimulait
derrière une illusion d'abandon une décrépitude magique très
puissante [note pour les joueurs: rituel Perdo, tous les arts, magnitude 40]. Se renseignant
auprès des voisins, ils apprirent que la maison avait été rachetée
par le chef des Consuls, Pierre, trois ans auparavant. Depuis elle
tombait en ruines et personne ne l'habitait. Avant son rachat y
vivait une vieille femme, Albina, couturière au service du drapier
Arpagon envers qui elle remboursait une dette.
Cherchant un lien entre
ces divers événements, les membres de la Troupe rejoignirent la
taverne, un petit établissement sombre, bruyant et bondé.
Heureusement la présence du Seigneur d'Acqs permit de libérer
rapidement une table. La serveuse, Fabia, semblait selon eux
débordée. Ils apprirent grâce à la ruse et au mauvais caractère
de Gloïn que sa comparse, Filipina, avait disparu depuis quelques
jours. Nul ne s'inquiétait car elle était réputée facile et
s'enfuyait régulièrement pendant plusieurs jours avec un beau
garçon avant de revenir à l'auberge. Néanmoins Fabia pensait que
son départ était anormal à cette époque de l'année, alors que
les clients et les pourboires étaient nombreux.
Deux gardes de la cité
rentrèrent dans la salle, alors que l'ambiance était montée d'un
cran, Gloïn ayant réussi à faire sortir de ses gonds un des
habitués. Il finit par lui briser le poignet lors d'une épreuve de
bras de fer, sous les rires gras de ses compagnons et un baiser ravi
de Fabia. Avant que les deux gardes de la cité arrivés sur ces entrefaites ne puissent intervenir, le
chevalier les invita à sa table, et reçut un message de Pierre, le
premier Consul, le conviant au château. A peine incités en ce
sens, ils racontèrent la mort accidentelle de leur capitaine,
Gabian, et leurs doutes à ce sujet. Leur offrant le repas pour les
remercier de leur obligeance, il invita ses compagnons à le suivre
pour rejoindre le Conseil.
Pour rejoindre le château
comtal, situé au cœur de Tarascon, ils passèrent dans le quartier
des marchands, où les riches demeures se disputaient l'honneur de la
plus riche façade. Celle de Pierre, le premier Consul, disposait d'un
rez-de-chaussée commercial, et de deux étages de pierre, faisait
face au château.
Ils furent reçus dans le
donjon, dans un bureau d'une simplicité monacale. Seul le Seigneur
d'Acqs y pénétra, répondant à l'invitation de Pierre, un homme
bien portant et de petite taille, avenant mais au regard acéré.
Radoslav s'inquiéta des morts et disparitions, notamment celle du
capitaine de la garde, et se proposa pour mener l'enquête au nom de
son Seigneur, le Comte de Foix. La période étant très importante
pour les marchands de la ville et du comté, avec la foire de Noël,
Pierre accepta et invita le chevalier au repas de Noël, lui
remettant également une lettre de marque pour la garde.
Faisant installer ses
affaires dans les quartiers de l'ancien capitaine, le Seigneur d'Acqs
passa le reste de la journée à recevoir les différents sergents de
la garde, afin notamment de mettre en place des péages aux deux
sorties de la ville. Ils espérait ainsi être informé en cas
d'arrivée ou départ de personnes étranges ou louches.
Pendant ce temps Gloïn
et Nathanaël de Tytalus enquêtèrent sur les remparts, tentant de
comprendre comment un officier entraîné avait pu tomber dans les
douves par accident. Ils découvrirent des résidus magiques d'un
sortilège démoniaque sur le chemin de ronde et quelque chose de
puissant et ancien dans les douves.
N'écoutant que leur
courage, ou leur inconscience, selon qui raconte aujourd'hui cette
histoire, ils quittèrent les remparts et sortirent de la cité pour
longer les remparts, et tenter de rejoindre un Regio
supérieur. La muraille leur apparut alors différente, les pierres
mal taillée, la rivière plus sauvage, l'eau totalement gelée. Le
Magus, croyant connaître l'histoire de la Tarasque, fille de l'immémorial
Dragon des Tomes Sigusen, tenta de communiquer avec elle en
draconique. Selon Gloïn, qui m'a raconté cette histoire, lorsque le
Tytalus prononça le nom de Vivesaygues, la rivière, pourtant gelée,
sembla se mettre en mouvement. Le nain comprit à ce moment là que
la créature magique ne dormait pas dans la rivière au pied des
remparts, elle était la rivière! Hélas le
froid se fit de plus en plus dur et rigoureux, et même le nain
commençait à souffrir. Il tenta d'informer le Magus des
risques, mais celui-ci s'acharna à recommencer encore et encore à
communiquer avec le dragon. Mal lui en prit car le froid les emporta
tous les deux, inconscients. Ils se réveillèrent plusieurs jours
plus tard, engourdis mais en vie, grâce à la vivacité d'esprit du
Seigneur d'Acqs.
La suite...
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