Les Chroniques de la Nouvelle Calebaïs
Les tombes de l'orgueil
Les Mages découvrirent une porte secrète au cœur du jardin, et c'est dans un tunnel au sol couvert de terre, aux murs luisant d'une mousse épaisse, qu'ils descendirent vers le sixième niveau, et les laboratoires des maîtres de l'Alliance. Malheureusement leur arrivée ne passa pas inaperçue, et le Sanctum de Drininkeana, la Maîtresse des Plantes, activa ses protections. Des élémentaires de terre, liés à la pièce, prirent l'apparence de massives et mortelles tentacules de pierre et s'attaquèrent à un des compagnons des Mages, dont l'histoire a oublié le nom. La magie de l'air de Nathanaël de Tytalus abattit une à une les créatures magiques, qui eurent néanmoins le temps d'endommager le laboratoire. La Troupe découvrit de nombreux objets étranges, sans doute éléments d'étude d'une mage d'une puissance in-envisageable alors pour les jeunes Mages. Outre ces objets, magiques ou non, sphères aux couleurs curieuses, cannes et bijoux floraux, fioles remplies de potions étonnantes, l'expédition s'émerveilla devant une lourde armoire de bronze sculpté. Elle contenait des centaines de plantes de cristal, à la beauté exceptionnelle, et Dame Mélisandre assista à un miracle lorsque, prenant délicatement une de ces merveilles entre ces mains, elle devint vivante, libérant une douce fragrance dans la salle. Charmée et impressionnée, elle déposa la plante qui reprit son apparence originelle et avec un respect immense que ma maîtresse referma le meuble extraordinaire.
Par la suite les explications de mes différents narrateurs s'embrouillent et se contredisent, mais certains évènements semblent avoir marqué leurs sens. Sortant du laboratoire de Drininkeana, ils se rendirent à l'entrée de celui d'Ierimyr, la créatrice des Furetons. Des bruits étranges semblaient indiquer la présence de très nombreuses créatures derrière les lourdes portes de bois du Sanctum mais c'est finalement le fantôme de la Mage qui apparut à l'expédition. Folle, échevelée, semblant partager deux esprits dans un même corps spectral, elle offrit un spectacle glaçant des effets nocifs de la magie. Une grande tribu de Furetons se joignit à elle, la considérant comme une Déesse. Dame Mélisandre n'a pas semblé très intéressée à me raconter les détails de cette rencontre.
Les Mages utilisèrent l'étrange carillon de Ferdina, et convoquèrent ainsi un conseil de l'Alliance, dans ses profondeurs, au huitième niveau. Une grande table entourée de treize chaises en occupait le centre. Étrangement, seul le dos de douze d'entre elles était gravé du nom de son propriétaire. Ils y rencontrèrent Pitsdim, le Maître du Feu, inconscient de sa propre mort, Malevolus Videri, la Maîtresse de la Destruction, à l'aura corrompue. Elle aurait été mise en fuite par la foi du chevalier Montpallier. La discussion qui s'en suit convainquit Pitsdim de sa situation, qui raconta son assassinat par Krenval, la trahison d'Ornath qui fuit l'Alliance au lieu de prendre parti, avant de déclencher un sort de feu surpuissant qui anéantit la salle du conseil. Étrangement, la seule conséquence fut l'inconscience de certains Mages. Ils comprirent ainsi que la magie, certes puissante et terrifiante des fantômes, ne pouvait directement agir sur la matière.
Dans cette même salle du Conseil ils découvrirent un mur magique, qui, activé par les pouvoirs de Dame Mélisandre, permit de découvrir une profonde caverne où gisait le corps de Krenval ainsi que celui de son familier, un renard. Sur le mur une inscription en latin semble avoir été inscrite par le mort: « Retournez au monde qui est le vôtre. Ceci le tombeau de Calebaïs. Ne troublez pas le sommeil de ses habitants. Je demeurerai ici pour toujours afin de protéger leurs pauvres restes. Pardonnez-nous notre folie. » Un mur de terre bâti par la magie de Krenval bloqua quelques instants la progression de la Troupe dans la caverne avant qu'un piège ne libère la foudre sur ma maîtresse, la blessant légèrement. La descente dura longtemps, l'eau s'infiltrant de plus en plus par les parois tandis que des coups sourds de plus en plus puissants font vibrer les murs. Seul Nathanaël de Tytalus poursuivit la descente, l'eau lui montant rapidement à la taille. La suite de mes écrits prend donc en compte uniquement son récit :
« Je descendis dans l'obscurité, l'eau de plus en plus haute, glacée, entravait ma progression. Je parvins rapidement dans une immense caverne où je découvris trois grands coffres. Ils trônent désormais dans la salle au trésor de notre Alliance, conservant nos plus belles découvertes et nos richesses les plus précieuses. A l'époque je les ignorais et je continuais ma progression, avant qu'un immense rocher noir ne se mette à rouler derrière moi. Ma magie ne l'impactant pas, je compris qu'il ne s'agissait que d'une illusion cherchant à me pousser dans un piège. L'ignorant totalement, je progressais, attentif, et je découvris une fosse remplie de pieux acérés. La triste fin de ceux et celles qui auraient fuit le rocher illusoire... Au fond de la caverne, de nombreux corps boursouflés, mais trop bien conservés pour des cadavres immergés depuis près de cinquante ans. Dans une autre caverne j'entraperçus trois fantômes semblaient se disputer au milieu de nombreux corps ; nous apprendrions plus tard qu'il s'agissait de trois Mages de l'Alliance. Rebroussant chemin en silence, je tentais de remonter un des coffres, mais des protections magiques s'activèrent, des mains de pierre sortirent du sol et des parois pour se saisir de moi. Lancer mes sorts les plus destructeurs aurait été catastrophique, l'eau me montant jusqu'à la poitrine, et je commençais à désespérer. Heureusement, Mélisandre, se doutant de mes difficultés, rejoignit la caverne et s'occupa des bras de pierre, me libérant, et nous permettant de remonter avant que la caverne ne soit totalement inondé... »
L'exploration de l'Alliance continua avec le neuvième niveau, étrangement coupé du reste de Calebaïs. La magie permit de traverser le mur de roche et de parvenir au cœur d'un nouveau laboratoire. Une petite mare dominée par un étrange nuage les accueille. Il se met immédiatement à pleuvoir et les Mages évitent avec précaution de se rapprocher de trop d'un élément visiblement magique et incontrôlable. De nombreux décombres jonchent le sol, dont sept étranges rochers ronds. Le laboratoire semble dédié à l'étude de l'Air et les nombreux ouvrages et objets découverts confirment rapidement cette hypothèse. Malheureusement un des compagnons est alors possédé par un fantôme qui demande d'une voix faible à être nourri. Il s'agit de l'assistante de l'ancien maître des lieux. Mais ce n'est que le premier défi qui attendit la Troupe. Levant les pierres pour comprendre les raisons de la destruction du Sanctum, les Mages libérèrent un puissant élémentaire de l'Air. Dame Mélisandre fut obligée de puiser dans les réserves de Virtus pour dominer l'esprit originel et en confier la garde et le contrôle à Nathanaël.
Du neuvième niveau, ma maîtresse plongea dans la fosse emplie d'eau qui dissimulait le dragon endormi. Il se révéla être une titanesque statue enchantée, liée par de puissants rituels à l'Alliance, notamment à la lumière magique qui l'éclaire et à la circulation de l'air dans les niveaux les plus profonds. Nathanaël utilisa alors la puissance de l'élémentaire pour évacuer l'eau des niveaux noyés, créant une panique intense dans les étages les plus élevés au sein des Furetons comme des suivants du chevalier de Montpallier. Cela permit néanmoins de découvrir le sol de mosaïque noire sur lequel reposait le dragon. Une fois ce dernier entièrement libéré, il semblait devenir impossible aux Mages de lancer des sorts ciblés. D'autres tests furent menés sur le dragon, notamment en couvrant les joyaux qui lui servaient d'yeux. Cela sembla diminuer la luminosité de l'ensemble de l'Alliance immédiatement. Non loin de la tête du dragon une couronne brisée fut découverte. Elle porte l'inscription « Ulaxarian » (acronyme de lumière d'airain en latin). Prononcé par Dame Mélisandre, le nom provoqua une réaction étrange, une voix lui murmurant « dommage... » sans d'autre explication que « vous le verrez peut-être... ».
La suite...
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