Les chroniques de la Nouvelle-Calebaïs
Trentième Chapitre: Du retour de la Cour de Lumière
Trentième Chapitre: Du retour de la Cour de Lumière
Conseil des Magi de l'été 1166 ( à la veille du solstice d'été):
Le retour d'Estrella de Bonisagus permit d'organiser un conseil où tous les Magi de la Nouvelle Calebaïs participèrent.
Étaient présents:
Estrela de Bonisagus, Pontifex
Gilles de Jerbiton, Pontifex
Meli de Merinitas, Pontifex
Nathanel de Tytalus, Pontifex
Orion de Verditus, Pontifex
Picard d'Ex Miscellanea, Flamen
Altaïr, Légat
Luigi Vasco di Firenze, Légat
Nasseri, Légat
Soeur Malores, secrétaire de séance
[Si j'oublie des légats, à corriger]
Mélisandre de Merinita exposa les problèmes liées à la domination de la Cour de l'Ombre sur la forêt annulaire entourant l'Alliance. Le départ de la Cour de Lumière, le renforcement du pouvoir d'Iltor et de ses suivants Trolls, les divers accords entre l'Alliance et Doria, Princesse Fae en charge de la forêt ont renforcé l'aura féérique de la région, et par ricochet l'aura magique de l'Alliance. Hélas la puissance de la féerie de l'hiver, sans contrepartie estivale, avait des conséquences fâcheuses sur les loups-garous d'Acqs. Sombres sentiments et passions ténébreuses se renforçaient et perturbaient la vie des villages lupins et Tederic, le premier parmi les sages des hommes loups était venu quérir l'aide du Conseil.
Mélisandre de Merinita détailla son plan pour entraîner le retour de la Cour de Lumière et en premier lieu Sylvia, la Dryade jadis enfermée par les Magi de la première Calebaïs.
Elle proposa que soit restaurée la pureté de la source de Virtus Herbam détruite et corrompue par le démon lors de son attaque contre Calebaïs. Les loups-garous mèneraient un rituel en ce sens si l'Alliance leur fournissait le Virtus divin nécessaire. Cinq pions de Virtus Terram et cinq pions de Virtus Muto seraient nécessaires pour mener à bien leur cérémonie.
Elle proposa que soit restauré le cercle de chênes féeriques issus de Grand-Père Chêne, dont les arbres féériques s'étaient éteints lors du départ de Sylvia. En fonction des étoiles et du temps, à chaque lune, et au moment le plus chaud de la journée, un des glands du Roi Fae, ranimé à l'aide de la magie Herbam, serait planté. Le dernier gland serait planté au solstice d'été, et sera l'occasion d'une grande fête. Treize pions de Virtus Herbam féérique seront nécessaires pour ranimer le cercle de chênes féeriques.
Au solstice d'été, et en présence d'Hybacus, seigneur du Sauvage de la forêt annulaire, et de Syndarion, demi-fae et barde, les Magi réunis autour de la Maga Merinita chanteront pour appeler la Cour de Lumière. Liqueurs, nourriture et champignons féeriques hallucinogènes seront distribués largement lots de la fête. En offrande, le corps d'un des enfants de Grouik, servant de Sylvia, ramené à la vie par la magie féérique de la Maga Merinita, sera déposé aux pieds de la Dryade.
Satisfaite de son exposé, Mélisandre de Merinita laissa les autres membres du Conseil intervenir. Orion de Verditius proposa que Luigi Vasco di Firenze se voit confier la mission de produire des potions de stérilité temporaire pour les Magi de l'Alliance. Il ne souhaitait pas voir des bâtards féériques naître au sein du Conseil lors d'une nouvelle orgie féerique. Il proposa par contre que soient distribuées des potions de fertilité aux loups-garous afin que leur nombre augmente et avec lui l'aura magique d'Acqs.
Estrela de Bonisagus suggéra que soit utilisée l'Église, et notamment le couvent de Sainte-Douceline, afin de faire baisser l'aura féerique de la région. Elle s'attira l'ire de Mélisandre de Merinita, et le conflit oral entre les deux Maga ne cessa pas du Conseil. Gilles de Jerbiton proposa lui qu'une délégation se rende auprès d'Ariel, Princesse de la Cour de Lumière de la forêt de Grand-Père Chêne mais les Magi décidèrent de garder cette solution en dernier recours, craignant de voir deux Cours d'affronter et les tensions s'accroître plutôt que diminuer.
La discussion dériva sur le cas du Prince Fae Iltor. Tous étaient d'avis qu'il ne laisserait pas son pouvoir s'effriter sans rien faire, et que si un accord pouvait être trouvé avec Doria, il faudrait trouver des mesures plus énergiques contre lui. Orion de Verditius souhaitait que soit expérimenter la possibilité de faire d'un être fée enchaîné une source de Virtus. Considérant cela comme de la torture, Gilles de Jerbiton et Nathanaël de Tytalus s'y opposèrent mais Picard d'Ex Miscellanea rappela que les êtres féeriques n'ont pas d'âme selon l'Ordre. Mélisandre de Merinita rappela au Conseil qu'Iltor les avaient trahis et manipulés à de nombreuses reprises et qu'il méritait son sort. Elle affirma qu'elle préparait les moyens de régler une bonne fois pour toute le problème Iltor en le capturant et en le retenant à l'Alliance.
Picard d'Ex Miscellanea questionna le Conseil sur l'existence d'une prison dans l'Alliance. Orion de Verditius lui aussi intrigué par l'absence d'au moins une geôle dans une communauté de cette taille, alla chercher le fantôme Uderzo, dernier "survivant" de l'ancienne Calebaïs pour lui demander. L'esprit de l'Archimagus affirma que Malevolus Videri enfermait les rares prisonniers de l'Alliance dans son Sanctum, dans une pièce spécialement adaptée à ses besoins particuliers. Frissonnant, les Magi décidèrent d'installer une pièce aux portes renforcées derrière la salle des gardes en attendant de trouver une solution plus définitive. Mélisandre de Merinita et Estrela de Bonisagus reprirent leur échange peu amène mais Picard d'Ex Miscellanea détourna la dispute sur le cercueil où lui et Nathanaël de Tytalus avaient découvert la thaumaturge.
Selon elle il s'agissait d'un objet d'étude ; le sarcophage appartenant à Granordon. Il était mort et elle ne comprend pas comment il a pu se servir d'elle pour s'échapper. Picard d'Ex Miscellanea proposa de lever sa Parma Magica pour que Mélisandre de Merinita lise ses souvenirs de l'homme, acquis à l'aide de sa magie, afin d'en recréer une image pour le Conseil. Luc, sculpteur de son état, fut mandé pour réaliser un portrait à l'aide de l'illusion projetée par la Maga. Bien fait de sa personne, grand brun à la barbe fournie, le visage franc et charismatique, il portait une cuirasse de cuir richement décorée et une amulette représentant un soleil. Quelques recherches permirent aux Magi de comprendre qu'il s'agissait du Sol Invictus, un culte très présent au sein des légions romaines. Le Conseil acta que Estrela de Bonisagus, si elle refusait d'étudier plus avant le sarcophage où reposait désormais son zombie de compagnie, mènerait l'expédition qui enquêterait sur cet homme et les moyens magiques qu'il avait employé pour quitter l'Alliance.
Orion de Verditius énonça une liste d'animaux magiquement actifs apparus ces dernières années à Lacombe et dans les environs et ses projets de les faire se reproduire afin de récolter à terme du Virtus.
Picard d'Ex Miscellanea suggéra de renforcer l'aura magique de la colline à l'aide de plantes éveillées et se proposa pour partir en quérir dans un Regio de sa connaissance [le Regio où vit le druide Diedne].
Mélisandre de Merinita présenta au Conseil une dernière possibilité pour modifier les équilibres féeriques des environs. Dans les premières années de leur présence à Calebaïs, Robin, leur meilleur archer, désormais décédé, avait passé de longues saisons à poursuivre et chasser un grand cerf blanc. Il n'avais jamais réussi à l'abattre mais avait ramené ses bois à l'Alliance, bois encore exposés dans la salle de réception et contenant une magie puissante et du Virtus Rego. Selon elle cette créature pourrait les mener à un puissant être féerique, peut-être même un monarque régnant sur de nombreuses Cours. Elle entraîna les Magi en haut des deux pics dominant le puits afin que les sortilèges Intellego fonctionnent et demanda à Orion de Verditius de se servir des bois comme lien mystique pour découvrir la cachette du cerf. Selon ses dires, il se trouvait non loin du village de Montferrier, Gilles de Jerbiton les informa que le chevalier de Lavelanet, un des vassaux de sa famille, les Mirepoix, arborait comme blason le fameux cerf blanc.
Une expédition fur organisée avec à sa tête Mélisandre de Merinita. Igack, le draco, Isangarda, sa femme et spécialiste des animaux fantastiques, et Lugi di Firenze, l'herboriste, se joignirent à elle. Il fallut un long moment à ma maitresse pour rassurer Igack mais finalement tout le monde pris place sur son élémental Herbam. La route vers Montferrier fut marquée par les vomissements de Luigi qui ne supporta pas le mode de transport si particulier. Avant d'arriver au couvent de Sainte-Douceline qui marque la fin de l'aire d'influence directe de l'Alliance, la Troupe traversa la forêt de Labat. Des milliers de papillons s'envolaient régulièrement des arbres, les laissant dénudés. Du moins ce fut le récit fait par Dame Mélisandre. Plus prosaïquement Luigi parla d'étranges phénomènes de feuilles s'envolant au vent malgré la saison.
L'expédition passa plusieurs hameaux sans s'y arrêter, les évitant même: le Sout, Fressenet, le Gabachou [noms à vérifier]. Montferrier était composé de sept fermes, adossées les unes aux autres et comptait une cinquantaine d'habitants. Utilisant sa magie, Mélisandre de Merinita entraîna son élémental vers Frémis, au sud-ouest, suivant la piste mystique laissée par le cerf blanc. La forêt est pentue, sombre, composée majoritairement de conifères. Igack ne cessait de se plaindre du trajet, obligeant ma maitresse à couvrir sa voix grâce à sa magie. Elle n'entendit donc pas le cor de chasse qui résonna, annonçant l'arrivée de chasseurs de la noblesse. A la demande de Luigi, elle écourta son sortilège et conduisit la Troupe vers les bruits. Avant d'y parvenir, tous aperçurent dans les branches d'étranges créatures, des écureuils aux mains d'enfants transportant des pommes de pins. Tous ayant traversé au moins une fois le Voile aux Énigmes de l'Alliance, ils reconnurent des êtres ressemblant étrangement à un des guides de la colline, l'ancien familier de l'Archimaga Drininkeana. Mélisandre de Merinita essaya de leur adresser la parole mais l'un d'eux s'enfuit en laissant tomber son précieux chargement tandis qu'un second tenta de lancer ses pommes sur la Troupe. Igack prit le contrôle de l'animal et lui ordonna de descendre, s'apprêtant à le dévorer. Isangarda stoppa son geste et lui demanda d'ordonner à la créature magique de nous guider jusqu'au cerf blanc.
La conversation avait couvert l'arrivée des chasseurs. Encerclés, tandis que des cris stridents résonnaient dans les branchages, Luigi se résolut à apostropher les chasseurs avant qu'un geste malheureux ne risque de blesser l'un des membres de la Troupe. Un écuyer s'avança alors à travers bois, se présentant comme Blandin de Lavelanet, fils du chevalier du même nom. Il expliqua chasser avec ses hommes dans un duel amical contre un de ses cousins de Montségur. Luigi présenta ses compagnons et lui-même comme des servants de la Dame Esclarmonde de Blacnastel, cherchant des herbes médicinales pour soulager ses douleurs. Essayant de détourner les chasseurs de la piste du grand cerf blanc, il indiqua au jeune homme avoir aperçu des traces d'un ours plus bas dans la vallée. Un autre chasseur vint rejoindre Blandin. Assez âge, le teint pâle, Meynard de Montferrier est l'écuyer du chevalier de Lavelanet et en charge de la formation du jeune homme. Il questionna Luigi sur la manière dont ils avaient pu parvenir en ces lieux sans chevaux. Punissant son pisteur pour sa négligence, il ne crut pas un mot de la tentative de Mélisandre de Merinita pour détourner la conversation. Il invita Luigi et ses gens à rejoindre la demeure de son seigneur pour le repas du soir, leur offrant l'hospitalité pour la nuit.
Mélisandre de Merinita, essayant elle aussi de les envoyer sur une fausse piste, utilisa ses pouvoirs pour créer l’illusion d'un brame loin de la piste du cerf. Pris par le temps, elle tenta de rentrer en communication avec le cerf et fut surprise d'entendre la puissante voix de l'être fée résonner dans son esprit. Il lui indiqua la connaître depuis son enfance, et lui donna un indice permettant de trouver sa cache. Grâce à ses pouvoirs et son intelligence hors du commun, ma Dame guida la Troupe jusqu'à un bosquet d'arbres plusieurs fois centenaires. Guidant Isangarda et Igack au sein du Regio, ils s’aperçurent bien vite que au cœur de l'aura féerique les arbres n'en formaient plus qu'un, d'une taille titanesque. Posant sa paume contre son écorce rugueuse, elle entra en contact avec l'esprit millénaire pour lui demander où se dissimulait le grand cerf blanc. A l'intérieur d'une souche de la taille d'un château, une clairière prit forme sous leurs yeux. Les branches étaient emplies de chenilles tissant lentement une toile d'une beauté toute féerique. Dans une grande niche couverte de mousse, le cerf, à la taille d'un lourd cheval de guerre, attendait.
Mélisandre de Merinita présenta ses hommages au Roi féerique, car il en était un, et présenta sa requête au sujet de la Cour de Lumière de la forêt annulaire. Elle offrit son présent, Igack et ses pouvoirs particuliers, à la créature féerique. Hélas le draco reprit sa forme naturelle et cracha le feu vers le ciel afin de démontrer ses pouvoirs au cerf. Mis en colère par ce qu'il considéra comme une offense, le Roi Fae permit aux branches de l'arbre d'envelopper Igack et de le soulever plusieurs pieds au dessus du sol. Les chenilles débutèrent alors leur travail de tissage autour des branches, débutant la construction d'un cocon d'un blanc laiteux. Tentant de sauver la négociation, Mélisandre de Merinita s'empressa de s'installer auprès du cerf pour lui gratter le museau et les oreilles. D’abord surpris, le cerf se laissa faire de bonne grâce. Il accepta finalement d'écouter la requête de Dame Mélisandre, et lui offrit un passage vers l'Arcadie pour aller chercher Hypion, le conjoint de Sylvia. Selon lui Hypion serait en mesure de reprendre le contrôle des satyres de la forêt annulaire et d'ainsi affaiblir le Prince Iltor en attendant l'été suivant et la tentative des Magi pour faire renaître le cœur de la Cour de Lumière et revenir Sylvia, sa Princesse. Isangarda demanda la libération d'Igack mais son vœu fut refusé par le Roi Fae, qui lui proposa de rester cependant avec son époux. Sans un regard en arrière et sans même prévenir Luigi di Firenze resté à l'extérieur du Regio, Dame Mélisandre suivit le cerf jusqu'en Arcadie.
Étonné de ne pas voir revenir ses compagnons, Luigi finit de son côté par rejoindre le lieu de rendez-vous convenu avec les chasseurs, cherchant à trouver l'excuse la plus probable à l'absence de ses gens. L'écuyer Meynard ordonna au jeune Blandin d'offrir à l'herboriste sa monture mais le futur chevalier se rebiffa, l'invitant à le faire à sa place. Luigi se contenta de flatter leur ego à tour de rôle, les accompagnant en marchant jusqu'à Lavelanet. Le village disposait d'une rudimentaire fortification de pierre surmontée d'une palissade de bois. Devant l'église, le dernier membre de l'Alliance prit le temps de s'agenouiller et de réciter une brève prière, sans nul doute pour écarter tout soupçon. Il croisa le Père Angelo, un de ses compatriotes originaire de Turin, jadis au service de l'évêque de Carcassonne et remercié de ses années de travail par la cure de Saint Jean d'Aygues-Vives, à une demi-heure de marche. Invité au château par le chevalier, il se joignit aux chasseurs.
Le donjon était une grosse tour carrée, sans grâce, protégée par une herse. On y accédait par une échelle étroite. Passant du rez-de-chaussée au premier étage, Luigi y découvrit une grande pièce simple, à la grande cheminée éteinte, où les serviteurs commençaient à dresser la table. Il croisa Bruninanda, la nourrice de la plus jeune fille de la famille, Clarissa, que Blandin s'empressa d'embrasser. Meynard salua de son côté Octavian, l'intendant du domaine, un robuste jeune homme auquel il remit les résultats de leur chasse infructueuse, quelques perdrix et lapins.Le reste de la maisonnée entra peu à peu dans la salle alors que la table finissait d'être dressée. Dame Isabault de Lavelanet, fille du seigneur de Montségur, était une belle femme bien plus jeune que son époux. D'après les rumeurs, c'était une séductrice qui avait elle-même arrangée son mariage et n'était pas la plus fidèle des épouses. Sa fille aînée, Larasina, aussi belle que sa mère, était elle bien plus proche de l'Eglise et du Père Angelo, passant son temps à triturer une croix portée en sautoir. Le dernier à venir saluer Luigi fut son hôte. Le chevalier Oton de Lavelanet était un homme d'âge mur, imposant. Il prit place immédiatement entre Luigi et sa femme, dissimulant celle-ci au regard de son hôte. Il engagea la conversation sur Blancastel et les voyages de Luigi à travers la région. Il demanda par la suite au prêtre d'honorer la Saint-Jean d'un discours, mais ce fut sa fille qui développa un long monologue de près d'une heure sur le saint homme.
Tout au long du repas la discussion revenait insidieusement sur les derniers événements du Comté, de la croisade contre la maison de Pamiers aux plus récents troubles à Tarascon. Luigi fit de son mieux pour calmer soupçons et susceptibilité, prenant le temps d'observer les nombreux trophées de chasse aux murs. Malgré leur état de conversation déplorable, il reconnut de nombreux animaux magiques ou féeriques parmi les têtes suspendues: ours-hibou, hippogriffe, griffon, cerf colossal, draco, taureau, licorne noire... Il proposa au chevalier d'utiliser ses talents pour restaurer les pièces en restant quelques jours au château. Oton de Lavelanet accepta après avoir reçu l'assurance que son intendant ne quitterait pas Luigi des yeux, jetant fréquemment des regards en direction de sa femme. Le repas se termina sur la préparation de la chasse du lendemain, nouvelle chance pour le jeune Blandin, très superstitieux, de s'illustrer en abattant le majestueux cerf blanc emblème de sa maison.Le Père Angzlo insista longuement sur la nécessité de se débarrasser de ce symbole païen, et éloigner ainsi la maisonnée de toute résurgence de culte démoniaque selon lui.
Luigi se réveilla au milieu de la nuit, en sueur, se souvenant de sa fuite loin de l'Italie. Il se lava le visage et décida de faire quelques pas dans le village pour se changer les idées. Il croisa le prêtre, la fille du chevalier et quelques villageois se rendant à l'église pour les matines. Alors qu'il observait la forêt, il distingua devant lui un halo de lumière au-dessus du point d'eau. Haussant les épaules, il se détourna et retourna se promener, saluant les villageois qu'il connaissait de ses nombreuses visites comme herboriste et guérisseur.
A l'aube, Gilles de Jerbiton, inquiet de ne pas voir revenir la troupe et de n'avoir aucune nouvelle, essaya de contacter Dame Mélisandre. Sans réponse, il s'enquit auprès de Luigi qai lui raconta la disparition de la Maga et de ses compagnons, ainsi que les aléas politiques de Lavelanet. Craignant un nouveau faux pas alors que les souvenirs de Tarascon étaient encore frais dans les mémoires, il se décida à le rejoindre. Au château la chasse débuta à peine le soleil levé, et gagne rapidement de l'altitude. Le premier arrêt autour d'un feu et de quelque gibier à la broche vit apparaitre trois hommes de Montségur: un paysan, un forestier et un simple d'esprit. Ils se présentèrent à Oton au nom de son cousin, pas plus avancé que Blandin dans sa chasse. Le chevalier offrit alors à ses gens une forte récompense au premier qui débusquerait le cerf blanc.
Gilles de Jerbiton, utilisant sa monture aux fers magiques, ne mit que quelques heures à faire le trajet jusqu'à Lavelanet, puis jusqu'aux chasseurs grâce aux indications de serviteurs restés au château. Pendant ce temps la troupe des chasseurs retrouva la piste du cerf, ce qui revigora la poursuite. Un bruit de galop poussa tout le monde à couvert et au silence, à l'exception de Luigi qui essaya plus ou moins discrètement de prévenir la créature de la présence des hommes de Lavelanet. Il ne s'agissait que du Magus, qui fut accueilli assez froidement par Oton, obligeant le thaumaturge à user de ses pouvoirs pour être accepté avec empressement parmi l'équipée.
Peu après un des éclaireurs signala la présence du cerf. Au détour d'un sentier, l'immense seigneur de la forêt apparut dans la lumière du jour déclinante. Gilles de Jerbiton fut subjugué par le pouvoir et la puissance de la créature, au point de presque en oublier la raison de sa présence. Se reprenant, il utilisa sa magie pour forcer un des forestiers à se blesser gravement, entraînant dans sa chute le jeune Blandin et sa monture. Pendant que tous s'occupaient des blessés et notamment du jeune noble, ils sentirent autour d'eux une étrange présence. Le cerf, dans le plus grand silence, s'était approché des chasseurs et vaquait au milieu d'eux, sans crainte, se dirigeant vers Blandin. Gilles de Jerbiton le salua au nom de sa famille et plus discrètement au nom de l'Alliance, tandis que le jeune homme éberlué caressait le large museau de l'animal. Une vive lumière éblouit alors l'assemblée, et tous se regardèrent, craignant d'avoir rêvé. Le soleil se coucha à cet instant dans un dernier assaut orangé.
Luigi fut le premier à distinguer des traces de sang au sol ne correspondant pas aux blessés. Et plus étonnant encore à se rendre compte que la blessure de Blandin avait disparu comme par magie. Pour Gilles de Jerbiton alerté par son compagnon l'humeur au sol était de couleur bleue. Un des hommes de Montségur, le soit disant paysan, tentait de dissimuler une dague. Après une brève discussion avec Luigi, il lui remit l'arme, demandant à ce qu'elle soit remise au jeune seigneur. Gilles de Jerbiton essaya de pénétrer dans l'esprit de l'homme, mais en fut empêché par une puissante magie. Intrigué plus qu'inquiet, il se décida à observer le servant de la famille Montségur et à enquêter plus avant de retour à Lavelanet. Le blessé, le crâne enfoncé par un coup de sabot, était moribond et nécessitait la plus grande prudence dans son transport. Grâce aux efforts de Luigi, il résista au voyage retour jusqu'au château où il fut confortablement installé pour tenter de se remettre. L'homme à la dague, quant à lui, avait disparu!
Le Magus, tentant de reconstituer les événements, comprit que le prétendu paysan avait quitté la troupe alors qu'elle quittait la forêt féerique pour gagner une aura divine. Il s'agissait sans nul doute d'une créature féerique, et d'une forte puissance pour résister à ses sortilèges. Seul Iltor semblait en capacité de mener une telle attaque contre son roi et le plus grand danger contre son pouvoir naissant. Tandis que tout l'entourage d'Oton et de Blandin fêtait l'événement, Gilles de Jerbiton et Luigi étudièrent la lame. La garde en bronze se terminait par une fine lame de fer couverte d'une substance naturelle mais extrêmement virulente, un poison mortel. Grâce au lien mystique issu du sang, le Magusse décida à affronter son serment de ne plus s'aventurer au cœur d'une forêt féerique, et se rendit dans les profondeurs du Regio. Il arriva devant l'immense clairière sise dans une souche de la taille d'une cathédrale, sous un ciel étoilé magnifique. Au-dessus de lui les branches ondulaient comme des serpents, tandis qu'un monticule de mousse surmonté de bois géant tremblait au centre de la trouée.
Le Magus tenta de lui parler, et de lui proposer son aide, expliquant les agissements d'Iltor et la possibilité pour l'Alliance de guérir ses maux. Alors qu'il s'avançait toujours plus prêt du roi blessé à mort, le sol se mit à grouiller et des milliers de feuilles tourbillonnèrent, créant un bouclier impénétrable lui dissimulant l'être féérique. Le cerf, ou plutôt sa forme spectrale, bleutée, apparut au dessus du monticule, répétant inlassablement que seule Ariel pouvait le sauver. Tout autour de Gilles les branches, le sol et les milliers d'esprits féériques heurtés dans leur chair par la douleur de leur seigneur s'agitaient. Apeuré, terrifié même d'être à nouveau victime de la féérie, le Magus essaya de contacter Dame Mélisandre, mais ses efforts furent pire que vains. Sa magie l’aspira à travers le portail menant en Arcadie, pœcile verdoyant ouvert en ce lendemain de solstice.
Le monde des Fae apparut comme un vrai cauchemar à Gilles de Jerbiton, qui eut le plus grand mal à se concentrer pour contacter la Princesse Fée dont ses derniers souvenirs remontaient à l'épreuve de son Gant. Se concentrant sur la voix de l'être aux ailes moirées, il expliqua la raison de sa venue et Ariel accepta de le suivre auprès de Frémis, son roi, afin de le guérir. Elle écouta attentivement le thaumaturge et souscrivit à la proposition de Gilles de venir pendant un an avec sa Cour dans la forêt annulaire pour circonscrire le pouvoir d'Iltor. Ariel réussit à soigner le cerf, mais le Magus n'eut qu'une brève vision de la créature au faîte de sa puissance, avant d'être expulsé du Regio et de se réveiller au petit matin au pied d'un arbre.
Ma Maitresse, de son côté, revint sans se douter nullement des derniers événements dans la clairière désertée par le Roi Fae Frémis, accompagnée d'Hippion, le centaure compagnon de la Princesse Sylvia. Elle fut emplie de joie de retrouver Ariel, et ses jeunes années à jamais perdue, qui lui demanda de retrouver la trace d'une Maga de ses amies, Églantine de Merinita. Elle guida les deux puissants êtres fées jusqu'à la forêt annulaire, et leur promit de tout faire pour les aider dans leur mission. Hippion, charmé par la bonne volonté de Dame Mélisandre, lui apprit que la laboratoire de Drininkeana, l'Archimaga disparue, était accessible à qui le cherchait et l'encouragea en ce sens.
A Lavelanet, comme promis au chevalier, Luigi Vasco di Firenze passa une semaine à restaurer les trophées de la famille. La femme d'Oton, disparue pendant trois jours, réapparut sans explication, créant une dispute familiale d'ampleur qu'il fit de son mieux pour éviter. A l'instigation de Gilles de Jerbiton, Orion de Verditius vint au château étudier les têtes et leur pouvoir. Il expliqua aux Magi que comme la tête de cerf exposée dans la salle à manger de l'Alliance, elles agissaient sur le comportement des membres de la famille. Il fut établi que les restes ayant une influence néfaste seraient ponctionnés de leur magie, afin de faciliter les rapports entre Calebaïs et la maisnie de Lavelanet. Ainsi la licorne noire, qui renforçait les pulsions destructrices, et le taureau de Camargue, celles liées à la sexualité, furent vidées de leur Virtus. Le Draco, signe de spontanéité, le cerf, d'ordre, l'hippogriffe, l'aventure, et l'ours-hibou, le changement, semblèrent être positifs et restèrent donc en place.
La suite...
Estrela de Bonisagus suggéra que soit utilisée l'Église, et notamment le couvent de Sainte-Douceline, afin de faire baisser l'aura féerique de la région. Elle s'attira l'ire de Mélisandre de Merinita, et le conflit oral entre les deux Maga ne cessa pas du Conseil. Gilles de Jerbiton proposa lui qu'une délégation se rende auprès d'Ariel, Princesse de la Cour de Lumière de la forêt de Grand-Père Chêne mais les Magi décidèrent de garder cette solution en dernier recours, craignant de voir deux Cours d'affronter et les tensions s'accroître plutôt que diminuer.
La discussion dériva sur le cas du Prince Fae Iltor. Tous étaient d'avis qu'il ne laisserait pas son pouvoir s'effriter sans rien faire, et que si un accord pouvait être trouvé avec Doria, il faudrait trouver des mesures plus énergiques contre lui. Orion de Verditius souhaitait que soit expérimenter la possibilité de faire d'un être fée enchaîné une source de Virtus. Considérant cela comme de la torture, Gilles de Jerbiton et Nathanaël de Tytalus s'y opposèrent mais Picard d'Ex Miscellanea rappela que les êtres féeriques n'ont pas d'âme selon l'Ordre. Mélisandre de Merinita rappela au Conseil qu'Iltor les avaient trahis et manipulés à de nombreuses reprises et qu'il méritait son sort. Elle affirma qu'elle préparait les moyens de régler une bonne fois pour toute le problème Iltor en le capturant et en le retenant à l'Alliance.
Picard d'Ex Miscellanea questionna le Conseil sur l'existence d'une prison dans l'Alliance. Orion de Verditius lui aussi intrigué par l'absence d'au moins une geôle dans une communauté de cette taille, alla chercher le fantôme Uderzo, dernier "survivant" de l'ancienne Calebaïs pour lui demander. L'esprit de l'Archimagus affirma que Malevolus Videri enfermait les rares prisonniers de l'Alliance dans son Sanctum, dans une pièce spécialement adaptée à ses besoins particuliers. Frissonnant, les Magi décidèrent d'installer une pièce aux portes renforcées derrière la salle des gardes en attendant de trouver une solution plus définitive. Mélisandre de Merinita et Estrela de Bonisagus reprirent leur échange peu amène mais Picard d'Ex Miscellanea détourna la dispute sur le cercueil où lui et Nathanaël de Tytalus avaient découvert la thaumaturge.
Selon elle il s'agissait d'un objet d'étude ; le sarcophage appartenant à Granordon. Il était mort et elle ne comprend pas comment il a pu se servir d'elle pour s'échapper. Picard d'Ex Miscellanea proposa de lever sa Parma Magica pour que Mélisandre de Merinita lise ses souvenirs de l'homme, acquis à l'aide de sa magie, afin d'en recréer une image pour le Conseil. Luc, sculpteur de son état, fut mandé pour réaliser un portrait à l'aide de l'illusion projetée par la Maga. Bien fait de sa personne, grand brun à la barbe fournie, le visage franc et charismatique, il portait une cuirasse de cuir richement décorée et une amulette représentant un soleil. Quelques recherches permirent aux Magi de comprendre qu'il s'agissait du Sol Invictus, un culte très présent au sein des légions romaines. Le Conseil acta que Estrela de Bonisagus, si elle refusait d'étudier plus avant le sarcophage où reposait désormais son zombie de compagnie, mènerait l'expédition qui enquêterait sur cet homme et les moyens magiques qu'il avait employé pour quitter l'Alliance.
Orion de Verditius énonça une liste d'animaux magiquement actifs apparus ces dernières années à Lacombe et dans les environs et ses projets de les faire se reproduire afin de récolter à terme du Virtus.
Picard d'Ex Miscellanea suggéra de renforcer l'aura magique de la colline à l'aide de plantes éveillées et se proposa pour partir en quérir dans un Regio de sa connaissance [le Regio où vit le druide Diedne].
Mélisandre de Merinita présenta au Conseil une dernière possibilité pour modifier les équilibres féeriques des environs. Dans les premières années de leur présence à Calebaïs, Robin, leur meilleur archer, désormais décédé, avait passé de longues saisons à poursuivre et chasser un grand cerf blanc. Il n'avais jamais réussi à l'abattre mais avait ramené ses bois à l'Alliance, bois encore exposés dans la salle de réception et contenant une magie puissante et du Virtus Rego. Selon elle cette créature pourrait les mener à un puissant être féerique, peut-être même un monarque régnant sur de nombreuses Cours. Elle entraîna les Magi en haut des deux pics dominant le puits afin que les sortilèges Intellego fonctionnent et demanda à Orion de Verditius de se servir des bois comme lien mystique pour découvrir la cachette du cerf. Selon ses dires, il se trouvait non loin du village de Montferrier, Gilles de Jerbiton les informa que le chevalier de Lavelanet, un des vassaux de sa famille, les Mirepoix, arborait comme blason le fameux cerf blanc.
Une expédition fur organisée avec à sa tête Mélisandre de Merinita. Igack, le draco, Isangarda, sa femme et spécialiste des animaux fantastiques, et Lugi di Firenze, l'herboriste, se joignirent à elle. Il fallut un long moment à ma maitresse pour rassurer Igack mais finalement tout le monde pris place sur son élémental Herbam. La route vers Montferrier fut marquée par les vomissements de Luigi qui ne supporta pas le mode de transport si particulier. Avant d'arriver au couvent de Sainte-Douceline qui marque la fin de l'aire d'influence directe de l'Alliance, la Troupe traversa la forêt de Labat. Des milliers de papillons s'envolaient régulièrement des arbres, les laissant dénudés. Du moins ce fut le récit fait par Dame Mélisandre. Plus prosaïquement Luigi parla d'étranges phénomènes de feuilles s'envolant au vent malgré la saison.
L'expédition passa plusieurs hameaux sans s'y arrêter, les évitant même: le Sout, Fressenet, le Gabachou [noms à vérifier]. Montferrier était composé de sept fermes, adossées les unes aux autres et comptait une cinquantaine d'habitants. Utilisant sa magie, Mélisandre de Merinita entraîna son élémental vers Frémis, au sud-ouest, suivant la piste mystique laissée par le cerf blanc. La forêt est pentue, sombre, composée majoritairement de conifères. Igack ne cessait de se plaindre du trajet, obligeant ma maitresse à couvrir sa voix grâce à sa magie. Elle n'entendit donc pas le cor de chasse qui résonna, annonçant l'arrivée de chasseurs de la noblesse. A la demande de Luigi, elle écourta son sortilège et conduisit la Troupe vers les bruits. Avant d'y parvenir, tous aperçurent dans les branches d'étranges créatures, des écureuils aux mains d'enfants transportant des pommes de pins. Tous ayant traversé au moins une fois le Voile aux Énigmes de l'Alliance, ils reconnurent des êtres ressemblant étrangement à un des guides de la colline, l'ancien familier de l'Archimaga Drininkeana. Mélisandre de Merinita essaya de leur adresser la parole mais l'un d'eux s'enfuit en laissant tomber son précieux chargement tandis qu'un second tenta de lancer ses pommes sur la Troupe. Igack prit le contrôle de l'animal et lui ordonna de descendre, s'apprêtant à le dévorer. Isangarda stoppa son geste et lui demanda d'ordonner à la créature magique de nous guider jusqu'au cerf blanc.
La conversation avait couvert l'arrivée des chasseurs. Encerclés, tandis que des cris stridents résonnaient dans les branchages, Luigi se résolut à apostropher les chasseurs avant qu'un geste malheureux ne risque de blesser l'un des membres de la Troupe. Un écuyer s'avança alors à travers bois, se présentant comme Blandin de Lavelanet, fils du chevalier du même nom. Il expliqua chasser avec ses hommes dans un duel amical contre un de ses cousins de Montségur. Luigi présenta ses compagnons et lui-même comme des servants de la Dame Esclarmonde de Blacnastel, cherchant des herbes médicinales pour soulager ses douleurs. Essayant de détourner les chasseurs de la piste du grand cerf blanc, il indiqua au jeune homme avoir aperçu des traces d'un ours plus bas dans la vallée. Un autre chasseur vint rejoindre Blandin. Assez âge, le teint pâle, Meynard de Montferrier est l'écuyer du chevalier de Lavelanet et en charge de la formation du jeune homme. Il questionna Luigi sur la manière dont ils avaient pu parvenir en ces lieux sans chevaux. Punissant son pisteur pour sa négligence, il ne crut pas un mot de la tentative de Mélisandre de Merinita pour détourner la conversation. Il invita Luigi et ses gens à rejoindre la demeure de son seigneur pour le repas du soir, leur offrant l'hospitalité pour la nuit.
Mélisandre de Merinita, essayant elle aussi de les envoyer sur une fausse piste, utilisa ses pouvoirs pour créer l’illusion d'un brame loin de la piste du cerf. Pris par le temps, elle tenta de rentrer en communication avec le cerf et fut surprise d'entendre la puissante voix de l'être fée résonner dans son esprit. Il lui indiqua la connaître depuis son enfance, et lui donna un indice permettant de trouver sa cache. Grâce à ses pouvoirs et son intelligence hors du commun, ma Dame guida la Troupe jusqu'à un bosquet d'arbres plusieurs fois centenaires. Guidant Isangarda et Igack au sein du Regio, ils s’aperçurent bien vite que au cœur de l'aura féerique les arbres n'en formaient plus qu'un, d'une taille titanesque. Posant sa paume contre son écorce rugueuse, elle entra en contact avec l'esprit millénaire pour lui demander où se dissimulait le grand cerf blanc. A l'intérieur d'une souche de la taille d'un château, une clairière prit forme sous leurs yeux. Les branches étaient emplies de chenilles tissant lentement une toile d'une beauté toute féerique. Dans une grande niche couverte de mousse, le cerf, à la taille d'un lourd cheval de guerre, attendait.
Mélisandre de Merinita présenta ses hommages au Roi féerique, car il en était un, et présenta sa requête au sujet de la Cour de Lumière de la forêt annulaire. Elle offrit son présent, Igack et ses pouvoirs particuliers, à la créature féerique. Hélas le draco reprit sa forme naturelle et cracha le feu vers le ciel afin de démontrer ses pouvoirs au cerf. Mis en colère par ce qu'il considéra comme une offense, le Roi Fae permit aux branches de l'arbre d'envelopper Igack et de le soulever plusieurs pieds au dessus du sol. Les chenilles débutèrent alors leur travail de tissage autour des branches, débutant la construction d'un cocon d'un blanc laiteux. Tentant de sauver la négociation, Mélisandre de Merinita s'empressa de s'installer auprès du cerf pour lui gratter le museau et les oreilles. D’abord surpris, le cerf se laissa faire de bonne grâce. Il accepta finalement d'écouter la requête de Dame Mélisandre, et lui offrit un passage vers l'Arcadie pour aller chercher Hypion, le conjoint de Sylvia. Selon lui Hypion serait en mesure de reprendre le contrôle des satyres de la forêt annulaire et d'ainsi affaiblir le Prince Iltor en attendant l'été suivant et la tentative des Magi pour faire renaître le cœur de la Cour de Lumière et revenir Sylvia, sa Princesse. Isangarda demanda la libération d'Igack mais son vœu fut refusé par le Roi Fae, qui lui proposa de rester cependant avec son époux. Sans un regard en arrière et sans même prévenir Luigi di Firenze resté à l'extérieur du Regio, Dame Mélisandre suivit le cerf jusqu'en Arcadie.
Étonné de ne pas voir revenir ses compagnons, Luigi finit de son côté par rejoindre le lieu de rendez-vous convenu avec les chasseurs, cherchant à trouver l'excuse la plus probable à l'absence de ses gens. L'écuyer Meynard ordonna au jeune Blandin d'offrir à l'herboriste sa monture mais le futur chevalier se rebiffa, l'invitant à le faire à sa place. Luigi se contenta de flatter leur ego à tour de rôle, les accompagnant en marchant jusqu'à Lavelanet. Le village disposait d'une rudimentaire fortification de pierre surmontée d'une palissade de bois. Devant l'église, le dernier membre de l'Alliance prit le temps de s'agenouiller et de réciter une brève prière, sans nul doute pour écarter tout soupçon. Il croisa le Père Angelo, un de ses compatriotes originaire de Turin, jadis au service de l'évêque de Carcassonne et remercié de ses années de travail par la cure de Saint Jean d'Aygues-Vives, à une demi-heure de marche. Invité au château par le chevalier, il se joignit aux chasseurs.
Le donjon était une grosse tour carrée, sans grâce, protégée par une herse. On y accédait par une échelle étroite. Passant du rez-de-chaussée au premier étage, Luigi y découvrit une grande pièce simple, à la grande cheminée éteinte, où les serviteurs commençaient à dresser la table. Il croisa Bruninanda, la nourrice de la plus jeune fille de la famille, Clarissa, que Blandin s'empressa d'embrasser. Meynard salua de son côté Octavian, l'intendant du domaine, un robuste jeune homme auquel il remit les résultats de leur chasse infructueuse, quelques perdrix et lapins.Le reste de la maisonnée entra peu à peu dans la salle alors que la table finissait d'être dressée. Dame Isabault de Lavelanet, fille du seigneur de Montségur, était une belle femme bien plus jeune que son époux. D'après les rumeurs, c'était une séductrice qui avait elle-même arrangée son mariage et n'était pas la plus fidèle des épouses. Sa fille aînée, Larasina, aussi belle que sa mère, était elle bien plus proche de l'Eglise et du Père Angelo, passant son temps à triturer une croix portée en sautoir. Le dernier à venir saluer Luigi fut son hôte. Le chevalier Oton de Lavelanet était un homme d'âge mur, imposant. Il prit place immédiatement entre Luigi et sa femme, dissimulant celle-ci au regard de son hôte. Il engagea la conversation sur Blancastel et les voyages de Luigi à travers la région. Il demanda par la suite au prêtre d'honorer la Saint-Jean d'un discours, mais ce fut sa fille qui développa un long monologue de près d'une heure sur le saint homme.
Tout au long du repas la discussion revenait insidieusement sur les derniers événements du Comté, de la croisade contre la maison de Pamiers aux plus récents troubles à Tarascon. Luigi fit de son mieux pour calmer soupçons et susceptibilité, prenant le temps d'observer les nombreux trophées de chasse aux murs. Malgré leur état de conversation déplorable, il reconnut de nombreux animaux magiques ou féeriques parmi les têtes suspendues: ours-hibou, hippogriffe, griffon, cerf colossal, draco, taureau, licorne noire... Il proposa au chevalier d'utiliser ses talents pour restaurer les pièces en restant quelques jours au château. Oton de Lavelanet accepta après avoir reçu l'assurance que son intendant ne quitterait pas Luigi des yeux, jetant fréquemment des regards en direction de sa femme. Le repas se termina sur la préparation de la chasse du lendemain, nouvelle chance pour le jeune Blandin, très superstitieux, de s'illustrer en abattant le majestueux cerf blanc emblème de sa maison.Le Père Angzlo insista longuement sur la nécessité de se débarrasser de ce symbole païen, et éloigner ainsi la maisonnée de toute résurgence de culte démoniaque selon lui.
Luigi se réveilla au milieu de la nuit, en sueur, se souvenant de sa fuite loin de l'Italie. Il se lava le visage et décida de faire quelques pas dans le village pour se changer les idées. Il croisa le prêtre, la fille du chevalier et quelques villageois se rendant à l'église pour les matines. Alors qu'il observait la forêt, il distingua devant lui un halo de lumière au-dessus du point d'eau. Haussant les épaules, il se détourna et retourna se promener, saluant les villageois qu'il connaissait de ses nombreuses visites comme herboriste et guérisseur.
A l'aube, Gilles de Jerbiton, inquiet de ne pas voir revenir la troupe et de n'avoir aucune nouvelle, essaya de contacter Dame Mélisandre. Sans réponse, il s'enquit auprès de Luigi qai lui raconta la disparition de la Maga et de ses compagnons, ainsi que les aléas politiques de Lavelanet. Craignant un nouveau faux pas alors que les souvenirs de Tarascon étaient encore frais dans les mémoires, il se décida à le rejoindre. Au château la chasse débuta à peine le soleil levé, et gagne rapidement de l'altitude. Le premier arrêt autour d'un feu et de quelque gibier à la broche vit apparaitre trois hommes de Montségur: un paysan, un forestier et un simple d'esprit. Ils se présentèrent à Oton au nom de son cousin, pas plus avancé que Blandin dans sa chasse. Le chevalier offrit alors à ses gens une forte récompense au premier qui débusquerait le cerf blanc.
Gilles de Jerbiton, utilisant sa monture aux fers magiques, ne mit que quelques heures à faire le trajet jusqu'à Lavelanet, puis jusqu'aux chasseurs grâce aux indications de serviteurs restés au château. Pendant ce temps la troupe des chasseurs retrouva la piste du cerf, ce qui revigora la poursuite. Un bruit de galop poussa tout le monde à couvert et au silence, à l'exception de Luigi qui essaya plus ou moins discrètement de prévenir la créature de la présence des hommes de Lavelanet. Il ne s'agissait que du Magus, qui fut accueilli assez froidement par Oton, obligeant le thaumaturge à user de ses pouvoirs pour être accepté avec empressement parmi l'équipée.
Peu après un des éclaireurs signala la présence du cerf. Au détour d'un sentier, l'immense seigneur de la forêt apparut dans la lumière du jour déclinante. Gilles de Jerbiton fut subjugué par le pouvoir et la puissance de la créature, au point de presque en oublier la raison de sa présence. Se reprenant, il utilisa sa magie pour forcer un des forestiers à se blesser gravement, entraînant dans sa chute le jeune Blandin et sa monture. Pendant que tous s'occupaient des blessés et notamment du jeune noble, ils sentirent autour d'eux une étrange présence. Le cerf, dans le plus grand silence, s'était approché des chasseurs et vaquait au milieu d'eux, sans crainte, se dirigeant vers Blandin. Gilles de Jerbiton le salua au nom de sa famille et plus discrètement au nom de l'Alliance, tandis que le jeune homme éberlué caressait le large museau de l'animal. Une vive lumière éblouit alors l'assemblée, et tous se regardèrent, craignant d'avoir rêvé. Le soleil se coucha à cet instant dans un dernier assaut orangé.
Luigi fut le premier à distinguer des traces de sang au sol ne correspondant pas aux blessés. Et plus étonnant encore à se rendre compte que la blessure de Blandin avait disparu comme par magie. Pour Gilles de Jerbiton alerté par son compagnon l'humeur au sol était de couleur bleue. Un des hommes de Montségur, le soit disant paysan, tentait de dissimuler une dague. Après une brève discussion avec Luigi, il lui remit l'arme, demandant à ce qu'elle soit remise au jeune seigneur. Gilles de Jerbiton essaya de pénétrer dans l'esprit de l'homme, mais en fut empêché par une puissante magie. Intrigué plus qu'inquiet, il se décida à observer le servant de la famille Montségur et à enquêter plus avant de retour à Lavelanet. Le blessé, le crâne enfoncé par un coup de sabot, était moribond et nécessitait la plus grande prudence dans son transport. Grâce aux efforts de Luigi, il résista au voyage retour jusqu'au château où il fut confortablement installé pour tenter de se remettre. L'homme à la dague, quant à lui, avait disparu!
Le Magus, tentant de reconstituer les événements, comprit que le prétendu paysan avait quitté la troupe alors qu'elle quittait la forêt féerique pour gagner une aura divine. Il s'agissait sans nul doute d'une créature féerique, et d'une forte puissance pour résister à ses sortilèges. Seul Iltor semblait en capacité de mener une telle attaque contre son roi et le plus grand danger contre son pouvoir naissant. Tandis que tout l'entourage d'Oton et de Blandin fêtait l'événement, Gilles de Jerbiton et Luigi étudièrent la lame. La garde en bronze se terminait par une fine lame de fer couverte d'une substance naturelle mais extrêmement virulente, un poison mortel. Grâce au lien mystique issu du sang, le Magusse décida à affronter son serment de ne plus s'aventurer au cœur d'une forêt féerique, et se rendit dans les profondeurs du Regio. Il arriva devant l'immense clairière sise dans une souche de la taille d'une cathédrale, sous un ciel étoilé magnifique. Au-dessus de lui les branches ondulaient comme des serpents, tandis qu'un monticule de mousse surmonté de bois géant tremblait au centre de la trouée.
Le Magus tenta de lui parler, et de lui proposer son aide, expliquant les agissements d'Iltor et la possibilité pour l'Alliance de guérir ses maux. Alors qu'il s'avançait toujours plus prêt du roi blessé à mort, le sol se mit à grouiller et des milliers de feuilles tourbillonnèrent, créant un bouclier impénétrable lui dissimulant l'être féérique. Le cerf, ou plutôt sa forme spectrale, bleutée, apparut au dessus du monticule, répétant inlassablement que seule Ariel pouvait le sauver. Tout autour de Gilles les branches, le sol et les milliers d'esprits féériques heurtés dans leur chair par la douleur de leur seigneur s'agitaient. Apeuré, terrifié même d'être à nouveau victime de la féérie, le Magus essaya de contacter Dame Mélisandre, mais ses efforts furent pire que vains. Sa magie l’aspira à travers le portail menant en Arcadie, pœcile verdoyant ouvert en ce lendemain de solstice.
Le monde des Fae apparut comme un vrai cauchemar à Gilles de Jerbiton, qui eut le plus grand mal à se concentrer pour contacter la Princesse Fée dont ses derniers souvenirs remontaient à l'épreuve de son Gant. Se concentrant sur la voix de l'être aux ailes moirées, il expliqua la raison de sa venue et Ariel accepta de le suivre auprès de Frémis, son roi, afin de le guérir. Elle écouta attentivement le thaumaturge et souscrivit à la proposition de Gilles de venir pendant un an avec sa Cour dans la forêt annulaire pour circonscrire le pouvoir d'Iltor. Ariel réussit à soigner le cerf, mais le Magus n'eut qu'une brève vision de la créature au faîte de sa puissance, avant d'être expulsé du Regio et de se réveiller au petit matin au pied d'un arbre.
Ma Maitresse, de son côté, revint sans se douter nullement des derniers événements dans la clairière désertée par le Roi Fae Frémis, accompagnée d'Hippion, le centaure compagnon de la Princesse Sylvia. Elle fut emplie de joie de retrouver Ariel, et ses jeunes années à jamais perdue, qui lui demanda de retrouver la trace d'une Maga de ses amies, Églantine de Merinita. Elle guida les deux puissants êtres fées jusqu'à la forêt annulaire, et leur promit de tout faire pour les aider dans leur mission. Hippion, charmé par la bonne volonté de Dame Mélisandre, lui apprit que la laboratoire de Drininkeana, l'Archimaga disparue, était accessible à qui le cherchait et l'encouragea en ce sens.
A Lavelanet, comme promis au chevalier, Luigi Vasco di Firenze passa une semaine à restaurer les trophées de la famille. La femme d'Oton, disparue pendant trois jours, réapparut sans explication, créant une dispute familiale d'ampleur qu'il fit de son mieux pour éviter. A l'instigation de Gilles de Jerbiton, Orion de Verditius vint au château étudier les têtes et leur pouvoir. Il expliqua aux Magi que comme la tête de cerf exposée dans la salle à manger de l'Alliance, elles agissaient sur le comportement des membres de la famille. Il fut établi que les restes ayant une influence néfaste seraient ponctionnés de leur magie, afin de faciliter les rapports entre Calebaïs et la maisnie de Lavelanet. Ainsi la licorne noire, qui renforçait les pulsions destructrices, et le taureau de Camargue, celles liées à la sexualité, furent vidées de leur Virtus. Le Draco, signe de spontanéité, le cerf, d'ordre, l'hippogriffe, l'aventure, et l'ours-hibou, le changement, semblèrent être positifs et restèrent donc en place.
La suite...
Et bien, quelle motivation ! Rien à redire !
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