Les Chroniques de la Nouvelle Calebaïs
Des Vulgaires, de la Foi et des Rencontres impromptues
Plus le temps passait, plus Calebaïs devenait un lieu familier pour les Mages, qui découvraient à chaque niveau, dans chaque recoin, un nouveau trésor ou une étrange création. Ils me racontèrent combien ils avaient perdu de vue leur mission première, la recherche de la Cloche d'Ibyn pour leur Alliance, Doïsseteppe. Néanmoins la réalité se rappela à eux plus brusquement que de raison par le biais du chevalier de Montpallier. La Troupe avait promis à ce dernier de l'aider à réaliser son obsession, affronter et vaincre un Dragon. Malheureusement pour lui, mais heureusement pour tous, il n'y avait aucune de ces créatures mythiques dans le puits, mais une colossale statue de pierre bâtie au dixième niveau. Les Mages voyaient l'agacement et la contrariété de leur protecteur croître et avec eux le risque grandissant de réactions stupides de Montpallier ou de ses hommes. Ils fabriquèrent grâce à leur magie une tête de Dragon monstrueuse, démoniaque, à partir d'un crâne de Satyre. Puis l'esprit du chevalier fut modifié pour le persuader de sa victoire sur un monstre draconique avec l'aide déterminante des Mages. La joie de l'homme d'armes fut immense, et sa reconnaissance tout autant...
Peu après, au cours de l'exploration du septième niveau, ou plutôt de son déblaiement, Sespsus, l'étrange serpent multicolore, ancien familier de l'Archimage Malevorus Videri, fut découvert. Une nouvelle fois Estrella de Bonisagus fut mise à contribution et utilisa sa magie sur l'esprit de l'ophidien pour en faire un allié fidèle et dévoué à la Troupe. Il apprit aux Mages qu'il connaissait le Démon Arkher dont une représentation imagée, une statuette, avait été découverte dans la chambre d'un des compagnons de l'Alliance déchue, Paulo. Selon lui néanmoins Paulo n'était en rien corrompu, a contrario de certains autres habitants. Il cita notamment Dargaud, Pitsdim et plus particulièrement Krenval et Malevorus Videri. Questionné sur les familiers des Archimages il affirma que certains d'entre eux étaient toujours présents au cœur de Calebaïs, dont une taupe et un fantôme. Vantard, il raconta qu'il pouvait devenir immense et que ses mues permettaient de traverser les voiles du passé...
Pendant ces longues discussions, Dame Mélisandre tente d'organiser une rencontre avec le clan Satyre de la forêt féérique entourant l'Alliance. La longue guerre entre les êtres sylvains et les Furetons doit prendre fin si les Mages souhaitent profiter dans le calme des richesses des lieux, et ma maîtresse est la plus indiquée pour trouver un accord entre les deux ennemis. Elle argua auprès des chèvre-pied que la mort des leurs ne pouvait être imputée à l'action des Mages, qui n'avaient fait que défendre un territoire magique. Elle les assura qu'une entente serait fructueuse et offrit en gage une Tour de Virtus Imagonem et de nombreux champignons hallucinogènes. Le pacte étant établi, la Troupe put se consacrer selon les dires d'un servant un peu trop volubile à « administrer en bons voisins les terres vulgaires... ».
Les Mages se rendirent en premier lieu à Lacombe, un paisible village d'une vingtaine de demeures, situé à une demi-journée de marche de Calebaïs. Ils y furent reconnus comme les descendants des anciens seigneurs, étrangement vêtus et aux habitudes singulières. Ils mandatèrent des villageois pour bâtir une belle écurie pour leurs montures et celle de leurs visiteurs, ainsi que l'achat d'un troupeau d'ovins et de bœufs au marché le plus proche, afin d'améliorer le quotidien alimentaire bien terne. Les discussions avec les plus vieux habitants firent jaillir de vieux souvenirs, ou d'anciennes histoires, au sujet des achats de fournitures et de vivres par les seigneurs des Deux Pics. Renouant avec une tradition séculaire, les Mages firent de Lacombe leur porte sur le monde vulgaire, à la grande satisfaction des paysans heureux de servir de si nobles personnalités. Ma maîtresse fut particulièrement satisfaite de ne voir aucun oratoire ou chapelle dans le hameau et ses habiles questions lui permirent de saisir que les hommes d'église n'étaient pas les bienvenus. Comblée, elle décida d'y venir de temps en temps organiser des cérémonies en l'honneur de la Déesse et des esprits de la nature.
Poursuivant sa visite, la Troupe descendit jusqu'aux plaines bordant l'Ariège et pénétra en Tarascon, villégiature de Frêne de la Branche-Cassée depuis leur départ pour Calebaïs. Une belle petite ville fortifiée, d'un millier d'âmes, s'offrait aux Mages. Ils y rencontrèrent les nombreux suivants civils de Montpallier. Ils envisagèrent très vite de les recruter par un biais ou un autre pour rebâtir l'Alliance qui se dessinait de plus en plus dans leur esprit. Les évènements leurs donneront bien évidemment tort... Ils retrouvèrent facilement le Toque Rouge attablé dans la plus grande auberge de la ville. Heureux et quelque peu surpris de les voir en vie, il les assaillit de questions mais dû bientôt se plier à leur insistance et répondre aux leurs. La plus importante de toute, qui était la personne qui avait remis la lettre responsable de l'expédition, devint insistante. Il leur apprit finalement que Laurine, la messagère, se trouvait à quelques lieux de la cité, dans un couvent. Pour les Mages il ne pouvait plus y avoir de doute, elle devait être « le serpent qui a trahi » maudit par le fantôme de l'Archimage Krenval.
Par un concours de circonstance et l'aide discrète de la femme de l'aubergiste, Nathanaël de Tytalus se rendit compte que Mélisandre était enceinte et se mit à boire aux côtés de Wulfgär. Pour achever l'innocence du pauvre Mage, la plus jeune fille du tavernier amena un bol de framboises à ma maîtresse de la part de sa mère qui lui valurent de nombreux remerciements et une lourd sol d'argent. Ce fut la garde qui désamorça la situation en pénétrant dans l'auberge à la recherche d'étrangers responsables de grabuge à l'entrée de la cité. Mélisandre et Nathanaêl quittèrent précipitamment les lieux pour tenter de retrouver Orion de Verditius et son servant qui n'avaient pas pénétré à Tarascon.
Le Mage fut retrouvé dissimulé dans un arbre et raconta qu'une vingtaine de silhouettes équipées de torches brûlant sous la pluie apparurent au cœur de la nuit et entraînèrent leur fuite. Nathanaël de Tytalus découvrit quant à lui que l'agitation en ville était due à leur garde-pointe qui avait rossé plusieurs miliciens. Il tenta alors d'obtenir le soutien du chevalier de Montpallier, mais fut obligé d'écourter sa visite. Un prêtre, le Père Baptiste, exhalait une telle foi que le serpent Sespsus s'agitait avec moult bruissements dans son sac. Il apprit néanmoins l'emprisonnement de leur servant par la prévôté. Les Mages négocièrent avec le prévôt la libération de leur serviteur mais les mœurs et les manies de Mélisandre de Mérinita lui valurent des accusations d'hérésie. Grâce à sa magie, son complice de la Maison Tytalus se fit passer pour un ange et parvint à désarmante la situation, permettant même la libération d'Ebrart.
Guidée par de Montpallier, la Troupe gagna un monastère bénédictin situé à quelques lieues de la cité. Ils y conversèrent avec un vieux moine, descendant de la famille de Blancastel. Il leur apprit que Paul Guevarre n'était autre que son neveu, l'héritier de la baronnie, dissimulé à la mort de ses parents pour qu'il ne fut pas lui non plus victime de son histoire. Il lui remit un médaillon aux armes de sa famille et un lourd volume retranscrivant sur des siècles sa généalogie. Ils gagnèrent alors Foix, siège du Comté où le chevalier de Montpallier devait remettre la tête du Dragon à l'évêque pour une cérémonie à la gloire de l'Église. Peu après le page du chevalier, en fait héritier d'une puissante baronnie disparue, fut présenté au Comte de Foix et rétabli dans ses prérogatives. Ce dernier offrit cinq mille livres et huit ans sans taxe, dîme et autre gabelle au jeune homme pour reconstruire le Château de Blancastel, en ruine.
Au cours de leur séjour les Mages rencontrèrent et apprécièrent la compagnie d'un étranger marchand maure, Nasseri de Cordoue, qui se joignit à eux pour participer à la renaissance de la baronnie à leur départ. Il était accompagné par une sublime danseuse, Yasmine, et un eunuque, Abbou, son garde-corps. Il leur permit de manipuler le banquier de Foix, et aidé par un peu de magie, ils négocièrent le prêt de neuf mille livres à un taux défiant toute concurrence. Ils purent ainsi participer à hauteur du Comte à la reconstruction des terres de Blancastel, se définissant pour la nouvelle noblesse de la région de Calebaïs comme les seigneurs incontournables et les véritables maîtres de la baronnie.
Lors d'une fête en l'honneur du Baron Paul de Blancastel la Troupe détecta parmi la foule de notables deux Mages. L'une d'entre elles n'est autre que la tante de Gilles de Jerbiton, qu'ils avaient perdu de vue voilà des mois. De la famille de Mirepoix, une autre importante baronnie de la région, elle fut heureuse de retrouver la jeune Mélisandre devenue une Mage puissante et autonome. Malheureusement les réussites politiques des Mages furent gâchés par un jeune Quaesitor du nom de Léandre, un triste sire qui n'apprécia pas l'humour et l'esprit de ma maîtresse et la défia pour un Certamen. Elle refusa bien entendu de se livrer à cet ultimatum sans intérêt et fut forcé de ne plus se moquer du jeune paon. Bien qu'échaudée, elle put se rendre compte de la corruption infernale du fils aîné du Baron de Pamiers, information qui aurait une importance certaine à l'avenir...
La suite...
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