samedi 25 février 2012

Première visite à la Cour de l'Ombre, extraits de journal


1155, journée du solstice d'hiver

La neige recouvre les montagnes aux alentours de la Nouvelle Calebaïs. Plus personne ne sort du puits depuis plusieurs jours. La colline du Voile aux Énigmes est couverte de neige elle aussi. J'ai décidé de rendre visite à la Cour de l'Ombre en profitant de la nuit la plus longue de l'année. Malheureusement le froid mord même à travers l'épaisse peau de loup qui me couvre les épaules. L'atmosphère se fait plus froide, austère au fur et à mesure que je pénètre dans la forêt annulaire. Même les arbres semblent hostiles, je ne les ai jamais vu ainsi. Mon manteau s'accroche aux branches. Même mes sens m'avertissent que j'approche d'endroits dangereux et qui ne veulent pas de moi. Pourtant je connais si bien ces bois en temps normal.

Majestueux, les pieds campés dans la neige, un lynx me fait face après une énième chute dans la neige épaisse. Grâce à mes dons avec les animaux, je sens qu'il monte la garde et attend quelque chose. Je lui demande gentiment de me conduire jusqu'à ses maîtres. J'observe bien vite qu'il évite des obstacles invisibles et je l'imite, n'arrivant pas à discerner la réalité derrière les illusions ... ou l'inverse. La pénombre est épaisse, on pourrait se croire en pleine nuit malgré l'heure matinale.

Soudain je dois esquiver de justesse un épieu qui sort de nulle part. Je me dissimule derrière un tronc d'arbre. Le lynx semble avoir disparu. Je l'entends hurler comme s'il avait vaincu l'ennemi, sans nul doute un Satyre qui ne m'a pas reconnu. Je me dirige dans la direction du cri. Trois Satyres, dont un se relève en se frottant la croupe, font face au lynx. Ils se retirent la queue entre les jambes. Enfin, s'ils en avaient une ils partiraient ainsi. La forêt semble complètement transformée par rapport à d'habitude. En pire ! Sous un tronc courbé par la neige, j'aperçois une lumière, sans doute la clairière où sont plantés les chênes féeriques.

Des flocons de formes géométriques me fascinent lorsqu'ils se posent sur ma peau et mon manteau. Ils me font étrangement penser aux fleurs de cristal de Drininkeana. Je n'en ai jamais vu de tels. Quelques Satyres observent la scène de l'autre bout de la clairière. Le lynx se trouve entre nous et les fixe. Un rapace se pose juste au dessus de moi, son cri est particulièrement grave, un beuglement loin des cris d'oiseaux habituels. Quelques lièvres viennent assister à la scène, le rapace pique sur l'un d'eux, le lynx poursuit les lièvres dans la forêt. Je danse quelques heures avec les flocons avant de m'abriter un moment à l'abri d'une épaisse peau d'ours. Je suis réveillée par des coups de pied qui me font basculer le long d'une légère pente de neige. M'ébrouant, je remonte vers la clairière où j'y découvre la silhouette d'un sanglier, Grouik qui cherche des glands dans le sol que ma chute vient de déneiger. Je le convaincs de partir avant que la Cour de l'Ombre ne fasse un rôti de lui. Il s'en va finalement après que j'ai bien insisté sur tous les termes de nourriture que je connais. Harcelé par les Satyres, il en charge un qui s'écrase contre un arbre. Ses compagnons sont morts de rire. Je sens que l'atmosphère est en train de changer.

1155, nuit du solstice d'hiver

Le ciel est de plus en plus obscur. La tension monte dans la clairière, comme si un drame allait se produire. Le rapace réapparaît et se pose sur un sapin. Chacun des monticules de neige qui parsème la clairière bouge, se déplace, vibre comme si il était habité par une taupe. Ils se multiplient même. Peu après, l'ensemble de la clairière semble veiné des conduits réalisés par les monticules mouvants. La neige redouble, toujours aussi géométrique, sans émotion, froide et belle. Les monticules se détachent du sol, montent en l'air et explosent en milliers de flocons qui semblent jouer et rouler les uns avec les autres. Ils stoppent leur mouvement avant de poursuivre un Satyre, le harcelant de leurs dards acérés jusqu'à le recouvrir sous un amas de neige si lourd qu'il ne peut plus bouger. D'autres Satyres essayent de l'aider. Les flocons lassés de leur jeu regagnent les airs où ils se poursuivent et forment de folles et sifflantes sarabandes.

La foudre fend le ciel. Je suis étonnée. Le temps était clair et dégagé. Du ciel, des éléments cristallisés tombent comme de la pluie, comme une nuée d'oiseaux, de la taille d'une main ouverte. Ils s'agglutinent peu à peu, formant ce que j'appelle faute de mieux un mausolée de glace. Planté au milieu de la clairière, entouré par mes chênes, il domine la forêt. Des trainées de brouillard, rampantes, noires, serpentent depuis la forêt et gagnent la clairière, s’engouffrant à travers les colonnes acérées pour pénétrer dans le bâtiment. Des bourrasques de vent sifflent autour de moi. Une silhouette se distingue derrière le monuments de glace et prend place à l'intérieur. Puis des ombres de plus en plus nombreuses sortent de la forêt, issues d'un rêve ou plutôt d'un cauchemar. Des cris stridents émanant du mausolée déchirent le silence comme pour convoquer les absents.

A côté de moi, un immense crapaud couvert de verrues suintantes, à la tête de rapace, me fixe. Il me semble familier. Je lui dis bonjour. Il me répond bonne nuit. Une discussion s'engage où il m'explique qu'il est une victime du jeu des autres fées. Elles s'amusent à le faire souffrir et à le blesser puisqu'il guérit de tout. Ils jouent avec lui au « hérisson ». Constatant que je ne comprends pas de quoi il s'agit, il décide de me montrer. Il se jette alors dans les airs vers le monument de glace. En un instant il est criblé de branches et d’épieux, comme un hérisson de ses piquants. Il revient vers moi et je l'aide à enlever les épieux, me rapprochant tout en parlant du mausolée. Le lynx s'approche de moi pendant que je libère le crapaud. Il régénère en quelques instants!

Hybacus débute une macabre et solennelle musique de sa flûte. Cela n'a rien à voir avec les dernières fois où je l'ai entendu jouer. Il glace le sang de son auditoire, y faisant naître colère, tristesse ou terreur. Des Satyres, des humanoïdes, des bouquetins, sans doute des cerfs, d'autres créatures plus petites se taisent, écoutent...Des myriades d'insectes semblent avoir envahi le mausolée. Je me rapproche de l'œuvre de glace tout en dansant avec les fées pour voir ce qui se passe à l'intérieur. Un grand bruit résonne alors dans la forêt ! La plupart des convives quittent la clairière pour aller en direction de l'agitation. Le lynx s'est dressé et m'a jeté un regard pour m'inviter à le suivre. Je me transforme en loup et l'accompagne.

Je me sens comme chez moi maintenant. Je prends naturellement ma place dans cette chevauchée mortelle. Je me lance dans la chasse avec les autres. J'en fais parti. Un cor résonne dans la vallée, appelant à la traque. Les Satyres hurlent et vocifèrent leur excitation. Mais qui est chassé ? Cette question est vite balayée par l'euphorie et la soif de sang. Je comprends mieux l'amour de la chasse des loups-garous d'Acqs. Et pourtant j'ai chassé bien des fois sous cette forme. La poursuite dure plusieurs heures sans que la proie n'apparaisse aux chasseurs quand soudain le cor résonne à nouveau. L'excitation est à son comble, le sanglier est acculé, encerclé par des Satyres, des loups, le lynx, des bourrasques de flocons qui le harassent de leurs dards.

Les Satyres se disputent le coup de grâce avant de lancer plusieurs épieux. Je me jette avec le lynx sur le sanglier. Moi à la gorge, le lynx sur l'échine de la bête. Son souffle se fait de plus en plus rauque, la vie s'échappant du corps puissant. Hybacus arrive, saisit le sanglier, le traîne sur le sol. De derrière les Satyres apparaît le Centaure, le compagnon de ma Dryade mais sa fourrure est étrange et différente. Elle recouvre l'ensemble de son corps, couvrant jusqu'à son visage en une lourde barbe. Il a lui aussi décoché une flèche sur Grouik. Le Centaure part avec le sanglier sur le dos et le lynx. Les Satyres multiplient les jeux macabres et violents pour fêter la victoire et la mise à mort.

Nous rejoignons la clairière. Les fumerolles noires s’amoncellent en une boule de noirceur qui semble surprendre, affoler et terrifier les participants. Hybacus lui même n'arrive plus à rester concentré et à continuer de jouer. Le point culminant est atteint et tous arrêtent leurs jeux, fixant la sphère qui prend progressivement une forme humanoïde. Elle prend les traits d'une femme à l'allure glaciale et morbide qui rehausse son obscure beauté. Elle est drapée d'une crêpe de soie noire qui laisse apparaître ses appétissants atours. Enfin je pense que Nathanaël les trouverait appétissants. Elle est parée d'un diadème d'obsidienne qui coiffe sa chevelure d'ébène. Son regard vert pailleté de violet est sans pitié ni scrupule. Elle attrape symboliquement Hybacus par la gorge, le jette à terre et lui ordonne de jouer.

Le premier à se présenter aux pieds de la Dame Obscure est le batracien qui s'incline devant elle avant de sauter dans sa main et d'y trôner, la présentant sous le nom de Doria. Tout le monde s'incline pendant qu'Hybacus joue. Elle prend alors la parole d'un ton ferme, solennel et autoritaire. Je vais essayer de retranscrire au mieux ses mots :

« Mes sujets, je suis fort aise de vous retrouver et de pouvoir fêter avec vous cette ténébreuse nuit. Cela fait déjà plusieurs années que je cherche le moyen de venger la mort de mon aimé et de le faire revenir d'entre les trépassés. J'en ai à présent les moyens. Il vous appartiendra de prouver votre loyauté et votre déférence en m'assistant dans cette tâche. Votre seigneur saura récompenser ceux qui auront été fidèles et utiles ».

Elle correspond à la princesse Fae croisée lors de mon Gant. Son époux, Iltor, avait été corrompu par des démons et tué par des arbres frappeurs. J'ai d'ailleurs récupéré son épée que je compte bien étudier un jour, quand j'en aurais le temps.

« Ainsi en ai-je décidé, il est temps pour Iltor de regagner la nuit ! Je vous somme à tous de hanter la région, de provoquer hantise, angoisse, cauchemars, peur, colère, ... pour qu'ainsi, de leurs sombres pensées, il puisse renaître à nous. Et si, l'un d'entre vous, par inadvertance, escomptait aller à l'encontre de mes plans, qu'il le dise immédiatement, et relève le défi, où s'incline comme l'exige mon rang ».

Hybacus baisse la tête, ... lui seul aurait pu la défier. Alors tout le monde baisse la tête également. Je prends ma forme de loup géant mais en reprenant mon visage humain et l'apostrophe: « Bonne nuit ! ». La Dame Obscure est surprise mais se reprend bien vite. Une discussion s'engage entre nous. Elle a besoin de quelque chose qu'on lui a pris. Je ne veux pas la gêner devant ses sujets et je lui dit qu'on parlera de ça plus tard. Hybacus entame une chanson d'une tristesse immense qui pousse tout le monde à pleurer, même la Dame, même moi. Le solstice s'achève ainsi, lentement, jusqu'au petit matin où tous se dispersent. En premier lieu Doria qui aux premiers rayons de lumière qui frappent le mausolée, se dissipe tel un nuage de brume, de même que son édifice. Les Satyres et tous les autres animaux, l'ensemble de ses sujets, regagnent les bois ou disparaissent en un souffle.

1155, premier jour après le solstice d'hiver

Épuisée, je rentre à Calebaïs pour me sustenter, prendre quelques notes et emporter des provisions pour les jours à venir. Je ne m'accorde que quelques heures de repos avant de regagner la forêt.

1155, première nuit après le solstice d'hiver
Le mausolée se reforme à la tombée de la nuit. Des nuages couvrent le ciel. La nuit est encore plus obscure que la veille : la lune est noire. Des loups hurlent dans la forêt. Sur son trône de glace, Doria siège, imposante de noblesse. Elle m'explique que Gilles doit venir lui rendre en personne ce qu'il lui a pris. Elle ne veut pas dire ce que c'est ni à quoi ça sert. En attendant d'en savoir plus, je lui propose que nous développions des relations de bon voisinage. Elle me remercie pour l'usage des glands de Grand Père Chêne et d'avoir ainsi renforcé l'onirisme du tertre. L'augmentation du grand nombre de païens dans les environs lui est également favorable. Je ne peux qu’acquiescer en ce sens. Plus ils seront nombreux à leur vouer un culte provoqué par leur crainte et leur ignorance et plus les Faes seront puissants et le voile de l'Arcadie sera mince. Cela m'arrange autant qu'eux. Elle me demande ensuite à qui va mon allégeance. Elle doit tout savoir de ma relation privilégiée avec Sylvia la Dryade. Je lui dis que je suis neutre et que je n'ai pas choisi de Cour. Doria sourit comme si je m'égarais. Elle me prend déjà pour son sujet et me dit que je ne peux revenir avant d'avoir accompli ma mission. Je lui souris en coin pour lui faire comprendre que je ne suis pas dupe. Après tout je n'ai rien de mieux à faire et cela m'évite de rester trois mois enfermés dans Calebaïs. Je vais aller chercher Gilles et l'on verra le reste ensemble.

1155, second jour après le solstice d'hiver

J'ai attendu le matin pour demander à Orion de m’emmener à Doïsseteppe. Gilles y effectue sa saison de service. Ce dernier est heureux de me voir mais reste interloqué face à mes demandes. Il ne se rappelle pas avoir volé un objet à Doria ou à son défunt époux. J'ai soudain une illumination et je me souviens qu'il a disparu quelques temps avec elle, soit disant éperdument amoureux. Enfin, il accepte de me suivre voir la Dame Obscure. Quelques sortilèges plus tard nous sommes au pied de la colline du Voile et prêt à rentrer dans la forêt. Je lui fais retirer tout son équipement de fer avant de nous rendre auprès de Doria à la nuit tombée. Nous parvenons jusqu'au mausolée où je présente Gilles de Jerbiton au trône vide. Doria apparaît en quelques instants et sourit comme une jeune vierge à la vue de Gilles. Voilà les mots qui furent prononcés:

«-Mon cher Gilles, je suis fort aise de vous revoir.

-Moi de même, mais ma mémoire faillit et je n'ai point de souvenir de ce dont me parle Mélisandre. Je ne me remémore aucun objet que j'aurais pu vous dérober. »

Doria semble soudain particulièrement vexée et son visage redevient de glace. Sa voix s'envenime et devient puissante

« Je n'ai jamais parlé d'un objet. Mais je suis fort marri de vous, humains, et de votre mémoire si fugace ! »

Les Satyres nous entourent et nous menacent de leur épieux sans même attendre un ordre de sa part. Elle avance vers nous, fulminante. Enfin, vers Gilles. Ce dernier se met à léviter pour s'éloigner des piques acérées pointées dans sa direction.

« Comment puis-je vous rendre ce que je vous dois sans en connaître la nature? »

Le corps de la Dame Obscure semble s'étirer vers le haut et comme un serpent de brume dont ses jambes prennent l'apparence, elle s'entoure autour du corps de Gilles. Elle siffle de frustration. Elle crie.

« Mon cœur ! Scélérat, mon cœur que vous m'avez dérobé ! »

« Je ne vous ai pas oublié mais je ne pensais pas que vous parliez de choses sentimentales. Je m'attendais à quelque colifichet. Mélisandre m'a induit en erreur. »

Je crois que je l'ai alors énervée en parlant d'Iltor et de son véritable amour, qu'elle ne pouvait pas avoir donné à Gilles puisqu'elle l'avait déjà perdu à la mort de son époux. Énervée est un euphémisme. Gilles tente d'influer l'esprit de la Princesse Fae pour lui envoyer de l'amour et l'apaiser. Malheureusement la Sidhe est sur son territoire et ses défenses magiques puissantes. Même les Satyres ont l'air d'avoir plus peur que nous de leur maîtresse. Hybacus qui restait silencieux accepte de jouer un morceau à ma demande. Peu à peu elle semble s'apaiser au son de la flûte.

Gilles évoque alors la bague qui l'avait fait tombé amoureux de Doria à l'époque et qui l'avait entraîné dans une folle équipée jusqu'aux portes de l'Arcadie. Heureusement pour les Magi, elle demeure dans son Sanctum depuis des années, négligée comme il avait dédaigné le souvenir de la Dame Obscure. Il nous fallait un plan.

1155, troisième jour après le solstice d'hiver

Nous avons longuement réfléchi à une solution au problème. Enfin, au problème de Gilles. Après tout, c'est lui dont elle veut retirer le cœur pour se venger. Je lui propose d'offrir Gilbert de Montpallier à la Dame Obscure en compensation. En lui offrant la bague et en le faisant tomber ainsi éperdument amoureux, je me débarrasse d'un poids qui me pèse depuis des années. Il faut juste que Nathanaël n'apprenne rien avant le dernier moment, où mieux, ne l'apprenne pas ... Gilles se charge de tous les détails après avoir accepté mon plan. Enfin je ne lui dis rien pour Nathanaël mais je mets en avant les précieux alliés métamorphes que nous gagnerons en donnant Acqs à Yann.

Gilles se rend auprès de Gilbert de Montpallier grâce à ses pouvoirs et lui offre la bague comme preuve de son estime. Immédiatement son esprit est possédé par les pouvoirs de l'Arcadie et il ne souhaite plus qu'une chose, rejoindre Doria. Grâce à Gilles, il parvient à la lisière de la forêt en un temps record, ne s'esbaudissant même pas de ce miracle. Gilles tente alors de lui retirer son épée, une puissante relique sainte, en manipulant son esprit. Mais c'est un échec. Sa Foi est trop forte. Ils sont attaqués par des Satyres qui les assomment, grâce à l'aide de Gilles qui gêne Montpallier et lui fait perdre son épée. Ils sont livrés à Doria sans plus de dommages, Enfin, c'est Gilles qui m'a raconté cette version, peut-être ont-ils eut droit à quelque désagrément d'ordre sexuel mais il ne s'en ait pas vanté.

Parvenu aux pieds de la Dame qui occupe toutes ses pensées, il se met à réciter poèmes, chansons d'amour et autres billevesées courtoises. Je suis étonnée mais elle se laisse charmer et disparaît dans le mausolée avec son nouvel amant. Je crois que hausser les épaules fut ma seule réaction. Enfin, j'ai récupéré l'artefact du Dieu crucifié et je l'ai enterré avec précaution sous un gros rocher non loin du couvent de Sainte Douceline, ainsi il ne polluera point les alentours de Calebaïs ou de la forêt féérique. Je l'aurai néanmoins sous la main au besoin.

1155, quatrième soir après le solstice d'hiver

Je retrouve Doria qui a l'air de fort bonne humeur et je lui propose mon aide, pour retrouver Iltor ou pour toute quête qui aiderait la Cour de l'Ombre. Fort hautaine, elle m'invite à aider ses sujets à apeurer les paysans de la région pour renforcer leur croyance dans les esprits de la forêt. Je lui souris pour signifier que ce n'est pas un problème et je pars hanter un des hameaux les plus isolés de Lacombe. Les rumeurs ne tarderont pas à parcourir les vallées et tous sauront que les elfes sont tout autour de nous.

Les illusions et quelques effets de manche suffisent à terroriser les habitants qui m'accueillent comme un sauveur lorsque je viens les aider. Il suffit de leur indiquer les anciens rituels de leurs ancêtres, offrandes et autres cadeaux aux esprits pour que le harcèlement disparaisse. Les Faes sont de nouveau au cœur de la vie des habitants de nos terres.

En revenant au tertre et à la clairière des chênes féériques, j'assiste à la fin de la cérémonie qui permet à Iltor de revenir parmi les siens. Gilbert, inconscient, flotte au dessus du sol enneigé. Les esprits des ancêtres parcourent les environs, je les sens sur ma peau mais c'est l'époux de Doria qui pénètre le chevalier. Il porte toujours la bague à son doigt et lorsqu'il se redresse je sais qu'il ne s'agit plus du seigneur chrétien. Son visage est froid et ses premiers mots, aussi acérés que sarcastiques, laisse à penser que son caractère n'a plus rien à voir. Il revêt une chemise de soie pourpre et pose sur sa chevelure d'ébène un diadème aux ornements proches de celui de la Dame Obscure.

Il trouve une grande satisfaction à être dans le cercle de chênes, qu'il convoitait depuis ses démêlés fatals avec Grand-Père Chêne. Il me considère avec intérêt, moi, la responsable indirecte de sa libération. Je découvre un nouveau trait de caractère de Doria, la jalousie. A de nombreuses reprises lors d'échanges entre Iltor et moi, elle m'agresse verbalement, certes à demi-mot, mais suffisamment pour m'obliger à réagir. Une fois seule avec elle je lui rappelle que je suis au courant pour « son incartade » avec Gilles quelques temps seulement après la mort de son époux et je lui remémore ma participation au retour de son tendre et cher. Je l'éclaire sur ses intérêts à se faire de moi une alliée, et non une ennemie. Cela fait du bien de dire les choses comme on les pense. On va me respecter au sein de la Cour désormais !

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