dimanche 19 février 2012

Les contes de Dame Mélie: quatorzième chapitre

Les Chroniques de la Nouvelle Calebaïs
D'une battue aux loups qui dévoile des secrets ancestraux


Orion de Verditius, ravagé par la puissante magie qui faillit le tuer, est désormais porteur d'une malédiction qui ne fera que renforcer l'aversion des vulgaires à son égard : sa peau est désormais totalement et irrémédiablement argentée. Tandis qu'il tentait échapper aux galéjades de ma maîtresse, Jasmine fut envoyée, vêtue du manteau des quatre ordres qui permet de changer d'apparence, servir de nourrice auprès de Gilbert et de son fils.

En Acqs, trente-sept paysans seulement sur la soixantaine recensée par notre herboriste répondirent à l'appel de leur seigneur. Dame Frénégonde organisa une fête à l'instigation de la Troupe afin de ne pas éveiller d'éventuels soupçons. Le Père Blaise était lui aussi de retour, porteur de tristes nouvelles. Près d'un quart du Comté de Carcassonne était en feu, ravagé par des incendies d'origine surnaturelle d'après ses dires. De plus en plus de gens étaient retrouvés errants, hagards. L'évêque appellait quant à lui à une enquête ecclésiastique.

Une grande battue fut organisée comme prévu à travers la campagne pour découvrir les terriers et caches des loups qui ravageaient les environs. Des hommes des baronnies environnantes furent mandés en prévision et lorsque les tanières de la horde furent découvertes sous la falaise qui délimitent nos terres de celle d'Acqs, le massacre put commencé. S'assurant que nul vulgaire ne pouvait l'apercevoir, les Magi ordonnèrent à Igack d'enfumer la principale tanière. Il en profita pour prendre le contrôle de l'esprit d'un loup et guider les chasseurs et les hommes d'armes qui tirèrent les bêtes sauvages comme des lapins. Une partie de la meute parvînt cependant au sommet de la falaise par d'autres issues dissimulées. Dame Mélisandre de Merinita, accompagnée d'un cercle de chasse Satyre, les prît en chasse. Les corps des loups furent présentés aux Magi, et ceux qui contenaient du Virtus mis de côté. Les autres furent offerts aux hommes de Paul pour que les fourrures ornent à l'avenir les couches des plus braves soldats de la journée.

Les gens d'armes de Paul partirent alors à marche forcée en direction du village où le loup possédé par Igack assurait que son chef de meute vivait. Le hameau fut rapidement investi par des soldats déterminés et deux loups-garous furent capturés sans combat dans la maison du chef, un adolescent et une jeune fille. La magie d'Orion de Verditius permit rapidement à la Troupe de comprendre qu'elle avait été leurrée. Le seigneur des loups se trouvait en effet actuellement au château, laissé sans protection ou presque. Sur le chemin du retour, et malgré l'urgence, les Magi décidèrent de ne prendre aucun risque et passèrent au peigne fin deux autres villages. Cinq autres loups-garous furent découverts et enchaînés, tous jeunes ou vieux incapables de se battre.

Au grand soulagement de tous, la forteresse qui domine Acqs semblait calme à l'arrivée de la troupe mais une rapide inspection magique de la garde et des alentours permit aux Magi de se rendre compte de la situation. Plus d'une trentaine de gardes et de serviteurs n'étaient pas ce qu'ils semblaient être, dont l'ensemble des soldats assignés à la surveillance des villageois infectés. Un véritable carnage se préparait si rien n'était fait pour l'empêcher.

Ce fut dans la chambre de Dame Frénégonde que l'intrigue commença à se dénouer. Le seigneur des loups tenait en otage le jeune enfant de Gilbert. Tandis qu'Orion de Verditius tentait de le convaincre de cesser cette folie, Altaïr, profitant de ses talents de dissimulation, réussit à se glisser dans son dos et à l'assommer. Le corps inerte fut couvert de liens d'argent et un interrogatoire rapidement mené pour ne pas attirer l'attention du reste de la meute. D'après ses dires, une grande partie de la famille Blancastel était jadis loup-garou, inféodée par les rites et le sang à la meute d'Acqs. Quand les chasses aux sorcières eurent débuté il y avait de cela près de deux siècles, les loups-garous de Blancastel laissèrent faire, afin de retrouver leur autonomie vis à vis de leurs suzerains.

Malheureusement pour la Troupe, les rires et les saillies de ma maîtresse énervèrent suffisamment le seigneur des loups pour déclencher sa métamorphose malgré l'argent, et ce dernier fuit dans la cour du château. Avant d'avoir put lancer l'assaut il fut défié par Gilbert de Montpallier. Le duel fut titanesque, digne d'être conté et chanté par moult troubadours. Mais malgré son armure brillante, ses reliques saintes et ses prières, le chevalier ne put vaincre la bête animée de toute sa rage et sa haine. Brisé, blessé à mort, dominé par le métamorphe couvert de sang, le seigneur d'Acqs attendait la fin quand un miracle fit cesser l'ordalie. Des colonnes de lumière descendirent des nuages pour frapper l’arène, traversées par des dizaines de chérubins chantant d'une voie d'ange les louanges du Dieu crucifié. Loups-garous, soldats comme Magi se sentirent apaisés, plein de félicitée et lorsque une licorne d'une beauté absolue perça la couverture nuageuse pour guérir d'un coup de corne les deux combattants, tous ou presque tombèrent à genou. Gilbert de Montpallier comme le loup-garou furent abasourdis, et aucun ne reprit le combat, tout à la contemplation de la bête miraculeuse qui disparut peu après. Le Père Blaise fut découvert priant avec ferveur non loin de la scène du prodige et la rumeur ne tarda pas à courir qu'il en était responsable, bien qu'il s'en défendit vaillamment.

Les Magi décidèrent d'intervenir rapidement pour tirer profit de la situation et éviter un bain de sang.  Rejoignant les combattants encore hébétés ils poussèrent le peuple, humain et loup-garou, à applaudir et acclamer les deux seigneurs d'Acqs. Dame Mélisandre de Merinita complimenta le Père Blaise pour l'aide du « vieux barbu » (ce sont ses termes) alors qu'il apportait de l'hydromel aux deux guerriers pour trinquer à la paix.

La suite...

Au même moment, de futurs nouveaux Compagnons de l'Alliance parcourent la Provence et l'Occitanie et son en chemin, bien que sans le savoir, pour Calebaïs...

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